Pop / Rock
[Live report] The Garden et Big Ups au Point Éphémère

[Live report] The Garden et Big Ups au Point Éphémère

19 August 2014 | PAR Bastien Stisi

De manière un peu automatique, on associe souvent le punk primaire et ses turbulences sonores à la règle de trois, les fameux trois accords / trois instruments / trois membres / morceaux de trois minutes. Les deux jumeaux de The Garden, eux, préfèrent carrément appliquer la règle de deux,  et déversent donc à l’aide du duo basse / batterie des titres de moins de deux minutes. Hier soir, ils étaient en concert gratuit au Point Éphémère. Et ça n’a pas traîné.

Car un morceau de moins de deux minutes, il faut le savoir, c’est assez court. C’est-à-dire que le temps de reconnaître et d’identifier les instants exécutés, les voilà déjà terminés. À ce niveau-là, ce n’est même plus être précoce, c’est carrément se mettre à jouir avant même d’avoir évoqué avec l’autre la possibilité d’un éventuel coït… « I’m a Woman », le « tube » du groupe, dure d’ailleurs 1 minute et 5 secondes. Ce qui est quand même suffisant pour exciter un public manifestement venu en qualité de spécialiste mélomane, et familiarisé avec les actualités du label californien Burger Records, qui sort depuis quelques années une panoplie de groupes labellisés « indie cradote » à la postérité souvent anecdotique, mais qui a quand même vu émerger quelques pépites indé et noisy aux noms déjà pas mal diffusés (Together Pangea, Gap Dream, The Orwells, Cosmonauts…)

The Garden, eux, incarnent la branche la plus extrême et la plus pressée du label au nom appétissant (on pourra aussi citer les très brefs Traumahelikopter ou Natural Child), au point que l’on se demande même encore comment les deux frangins Fletcher (qui sont en réalité jumeaux, ce qui ne se voit pas puisque l’un est blond peroxydé et que l’autre est brun aux cheveux raides) parviennent à mélanger autant d’influences au sein d’un bordel balancé avec une démarche aussi lapidaire, eux qui font aussi bien appel au sein de leurs productions au punk des années originelles, au hip hop ricain des 90’, à l’électro ombrageuse de clubs infréquentables, au noisy foncé et complètement délétère. Les esprits sont interdits, confrontés aux logiques renversées. Et le public l’est parfois aussi…

Les types montent au poteau, font des roulades sur scène, dialoguent plus qu’ils ne chantent sur des beats et des accords rêches, se comportent comme de véritables schizo en journée de permission, et s’éclipsent déjà, magnifiques de désinvolture jouvencelle, laissant leurs successeurs sur scène de Big Ups quasiment semblables à de vulgaires artistes pop. C’est que ces derniers osent intégrer à leur punk expéditif et gueulard le concept de « mélodie », bien qu’on puisse les rapprocher de Metz, de The Computers, ou encore de The Wytches…Ça gueule, ça gratte les cordes, ça bouge avec virulence les têtes dans le public. Tout cela est globalement très bien coordonné.

On terminera notre bière cul sec. Et on prendra 20 minutes pour réécouter en rentrant la discographie complète de The Garden, qui n’a rien inventé mais qui a le mérite de rafraîchir les débats. Ces deux tarés-là ne devraient jamais dépasser le cadre de la confidentialité indé. Et cette nouvelle est certainement la meilleure de la soirée.

Visuel : © Quentin Vancheri

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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