Je n’emporte rien du monde : Clémence Boulouque sur les traces de son adolescence
Après son enfance bouleversée, (“Mort d’un silence”, 2007) et son nouveau départ new-yorkais (“L’amour et des poussières“, 2011), Clémence Boulouque continue à creuser avec grâce la veine autobiographique. dans “Je n’emporte rien du monde”, elle évoque le suicide de sa meilleure amie et avec cet épisode tragique, les aléas musicaux et stylistiques d’une adolescence dans les années 1990. Sortie le 10 janvier 2012.
En route pour son cours de tennis, une adolescente déjà ébranlée par la disparition de son père apprend que sa meilleure amie, Julie, a mis fin à ses jours. Comment comprendre un tel geste ?
A posteriori, la narratrice exerce le double mouvement du souvenir et de l’interrogation. Elle se souvient de ses lectures, de ses vêtements, de son ressenti d’adolescente, tous trois bien installés au début des années 1990, et se demande comment sa relation aurait évolué avec Julie si elle avait vécu. Un livre juste, où la femme à l’orée de la maturité regarde avec tendresse et déjà un peu d’étonnement la jeune-fille qu’elle a été.
Clémence Boulouque, “Je n’emporte rien du monde”, Gallimard, 96 p., 8.90 euros. Sortie le 10 janvier 2013.
“Nous sommes ceux qui restent, ceux qui demeurent – des demeurés. Les yeux des endeuillés ont l’opacité du regard qui est aussi celle des aveugles, cette fixité, rivés à ce que l’on ne voit plus, au noir. Nous sommes les proies des fixations, celles qui diraient pourquoi. Faibles d’esprit, faibles.” p. 51-52.