Giambattista Valli nous entraîne dans des nuées d’organza intemporelles
Surnommé le maître de l’organza, l’italien Giambattista Valli, installé à Paris, a proposé pas moins de 18 robes pour sa collection automne-hiver 2020/2021 dans le cadre de la Haute Couture Online. Entre le noir et le blanc, des nuances de roses avec un objectif : rendre compte du sens aigu de la Haute Couture parisienne.
Héritier de Balenciaga et d’Yves Saint-Laurent, ayant travaillé aux côtés d’Emmanuel Ungaro, Giambattista Valli rejette l’idée de tendance comme il l’explique dans cette interview diffusée par la FHCM suite à sa présentation via le calendrier officiel. Sa clientèle est essentiellement composée de célébrités et de grandes icônes du cinéma à l’image de Kendall Jenner ou encore Amal Clooney. Connu pour ses robes d’une grande complexité donnant l’impression qu’elles ont été réalisées en une heure, Giambattista Valli souligne que la période liée au Covid-19 a certes été très négative mais qu’elle comporte malgré tout un aspect positif en ayant remis les compteurs à zéro. Une crise, qui, en effet, n’est pas uniquement sanitaire mais aussi professionnelle, sociale, en touchant l’ensemble de nos vies. Pour le couturier italien, le confinement fut l’occasion parfaite pour se retrouver seul avec lui-même en vue de faire son introspection, chose que le rythme imposé par la mode ne permet jamais. Cependant, les défis furent nombreux et la maison a dû s’adapter comme les autres, par exemple au travers d’essayages réalisés via Zoom. Une approche certes différente mais que le créateur trouve étrangement plus humaine et intimiste en permettant de se concentrer sur l’essentiel : le vêtement. D’autant que la pression du défilé était absente… Le principal challenge fut donc surtout d’essayer de comprendre de quoi demain sera fait comme il l’explique ici : “Quand on travaille dans la mode, on se projette sans cesse dans la prochaine saison, le futur. Là, on pense à l’instant présent. Les 24h à venir et pas au-delà.”
Le travail de Giambattista Valli se veut altruiste en respectant les femmes qui porteront ses collections intemporelles, une philosophie parfaitement en accord avec la période que nous traversons. “Ma démarche est aux antipodes du consumérisme” prend-il soin de rappeler.Avec évidence, les silhouettes de la saison prochaine se devaient de rendre hommage à la Haute Couture, à son savoir-faire et à l’ADN de la maison : “C’est une collection très parisienne, inspirée par les ateliers de haute couture de Paris. Elle évoque la Tour Eiffel qui scintille, elle évoque cette idée de Ville Lumière. Elle évoque le glamour, la nonchalance, l’atmosphère, la vision de Paris qui fait rêver le monde entier.” D’autant que la Haute Couture est un thème éternellement contemporain n’étant pour lui ni art ni mode mais histoire d’amour. En résulte 19 robes allant du noir profond au blanc pur en passant par un camaïeu de rose : une gamme colorée n’étant pas sans rappeler celle proposée par un autre italien, Antonio Grimaldi. Une touche de glamour est cependant marquée par l’ajout d’un rouge vif en all-over sur deux robes longues et une courte et par touches délicates sur fond blanc grâce à de délicates plumes apportant un mouvement intéressant, unique au sein de cette collection. Rouge comme les traces de rouges à lèvres disséminés sur les tasses vides dans les troquets parisiens. Blanc comme les moulures des appartements haussmaniens et des cygnes avançant au fil de la Seine. Et noir comme l’intemporelle “petite robe noire”. Les noeuds constituent quant à eux un leitmotiv, qu’ils soient petits et décoratifs, qu’ils forment une basque ou qu’ils deviennent robes en que tel, faisant de la femme un bijou à protéger dans son écrin. Notre coup de cœur ? Les masques-collerettes encadrant le visage de la mannequin, rappelant le contexte et apportant une touche couture non-conventionnelle.
Concernant le format de la présentation, la collection nous fut dévoilée sous la forme d’une vidéo et des images qui, à côté des créations, montrent des fragments de Paris et de sa nature vus à travers les yeux et la caméra de Giambattista Valli lui-même. Les coulisses sont quant à eux visibles au sein de cette vidéo.Mousselines de soie drapées, tulle volanté et organza rendent hommage à l’ADN de la maison, au savoir-faire traditionnel de la Haute Couture, à la beauté, aux femmes, à l’amour et à Paris.
Crédits : Giambattista Valli