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Balenciaga : fashion carpet ou vision carpet, telle est la question – PFW

Balenciaga : fashion carpet ou vision carpet, telle est la question – PFW

11 October 2021 | PAR Camille Bois Martin

Samedi 2 octobre, 20h, Théâtre du Châtelet, Paris. Un spectacle commence sous le flash des photographes : c’est le défilé Balenciaga. Événement très attendu de chaque Fashion Week de Paris, le show n’a pas déçu. Entre photocall, défilé, cinéma et performance, Demna Gvasalia repousse les limites des définitions de la mode.

Les mannequins de la maison succèdent aux invités sur le tapis rouge précédant l’entrée du théâtre, dans l’incompréhension (ou l’inconscience) de chacun, confondant les collections précédentes avec la dernière printemps-été 2022. À l’intérieur de la salle, les quelques privilégiés ayant été conviés au défilé s’installent au compte-goutte sur les sièges du théâtre. Face à eux, un grand écran diffuse les images en direct du tapis rouge (et mur rouge). L’incompréhension pourrait être leur première réaction : le défilé a-t-il déjà commencé ? Est-ce une introduction ? Puis, une première silhouette habillée d’une longue et imposante robe en dentelle brodée fait son entrée. En bas de l’écran, l’inscription Look 1 apparaît. Le défilé vient de commencer. Pourtant, la mannequin rejoint la salle, s’installe au milieu des invités tandis que d’autres continuent d’entrer : Offset par exemple. Présente-t-il lui aussi une silhouette de la collection? 

Demna Gvasalia construit une sorte de mise en abyme, où les mannequins deviennent spectateurs, les spectateurs mannequins, et vice-versa à l’infini. Les limites entre la nouvelle collection portée par les modèles et les anciennes portées par les invités se confondent : toutes sont de toute façon des vêtements Balenciaga. Le défilé de mode devient un spectacle, une immersion qui pousse indéniablement à la réflexion — la journaliste de mode Sophie Fontanel publie quelques heures après le spectacle un poste instagram euphorique : “Et tu réalisais que le show c’était ça, ce happening farceur et fédérateur. […] Mais il y avait aussi ce soir ce qui manque tant à la mode : des éclats de rires, des sourires, la banane sur tous les visages, un humour ravageur, des cris de joie, du lien entre les gens, une jubilation qui montait et démodait beaucoup de choses.

Paroxysme du voyeurisme et génie de Gvasalia, un épisode spécial Simpson x Balenciaga est projeté sur le grand écran à la fin du “défilé”. Tout Springfield défile à Paris pour la maison de mode : le personnage d’Anna Wintour verse une larme, applaudit. Le public exalté du théâtre du Châtelet applaudit également, et se retrouve à nouveau projeté sur le grand écran pour investir les rangs du dessin animé américain. Le directeur artistique Gvasalia possède une place centrale dans ce court épisode des Simpson, et s’exprime plus librement qu’il ne le fait au sein de ses quelques interviews : ce qui l’intéresse, c’est d’habiller le personnage de Marge, qui n’appartient pas à la classe sociale qu’il habille et qui, pourtant, semble incarner l’identité de la maison. Streetwear mais couture, all black mais couleur : d’apparence générique mais en réalité si complexe.

Résumant l’incompréhension générale de qui est quoi, qui fait quoi ou qui est qui, un personnage des Simpson adresse à Marge une phrase devenue virale sur les réseaux sociaux : “Darling this is Paris, every minute is fashion week !” Bref, tout le monde est fashion, tout est Balenciaga.

Et les looks dans tout ça ? C’est l’ADN Balenciaga. Du noir sur noir, des costumes structurés oversizés, des robes xxl sans artifices, des ensembles streetwear côtoient des silhouettes aux allures de haute-couture, et parfois se mélangent : un sweat à capuche est porté avec une longue jupe à sequins brodés. En tout, 68 looks défilent, dont les tissus sont à 95,2% certifiés durables.

Le style reconnaissable de la maison se retrouve dans le look du dernier mannequin qui porte une combinaison recouvrant l’ensemble de son corps, semblable à celle que Kim Kardashian a porté au dernier MET Gala. On l’aperçoit également sur Isabelle Huppert qui arbore une robe noire moulante, à la limite de la combinaison, et qui nous rappelle celle qu’elle a déjà portée à Cannes cet été. Demna Gvasalia réaffirme l’identité forte de la maison qu’il est parvenu à créer ces six dernières années, et rejoue les codes qu’il a lui-même consolidé et qu’il continue de perpétuer. Pour défiler, il mobilise une équipe de mannequin, d’amis de la maison et de membre de l’équipe : Balenciaga exclusively for Balenciaga. 

Visuels : © Courtesy of Balenciaga

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Camille Bois Martin
Étudiante en Master de Journalisme Culturel (Sorbonne Nouvelle)

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