Le plaisir coupable de la Gazette du mauvais goût
Le regard atterré, les deux chiens semblent souffrir de la dernière excentricité grotesque de leur maitresse… à moins qu’ils ne jugent d’un regard désapprobateur l’internaute venu assouvir un plaisir coupable, celui du mauvais gout. L’image accueillant le lecteur de la Gazette du mauvais goût annonce la couleur : notre goût n’y rentre pas impunément !
« Le bon goût a autant de droit que le bon goût », c’est du Nietzsche qu’appose la rédactrice de La Gazette du mauvais goût, Dora Moutot en guise de justification de sa démarche. Une insolente fraicheur qui fait du philosophe le paravent intellectuel d’une série de thématiques ne reniant pas la dénomination du blog : « Pipi au lit », « Mamie », « Cimetière », « Caca », « Divorce »… Si le sujet parait aux premiers abords douteux, la forme révèle la sensibilité artistique de cette étudiante à Central Saint Martin, Université des Arts de Londres.
Un cabinet de curiosité au mauvais goût affirmé, voilà donc ce que les puristes du goût décalé viennent chercher sur ce site. Et le goût du mauvais goût ne signe pas une absence de goût, comme nous le prouve marginalement la présentation de ce blog. La typographie caractéristique des titres, les textes courts bilingues – comme une mise en bouche du thème – participent à la mise en valeur des petites pépites photographiques de mauvais goût présentés, sujets de la quête inlassable de l’auteure.
Petite sélection à l’usage des lecteurs au mauvais goût timide :
– des images délectables, autant que touchantes, issues du site « Advanced Style » traquant la “mode” des séniors à New-York
– une série photographique époustouflante de Dina Goldstein, Fallen princess [Princesse déchues]
– un berceau que n’aurait certainement pas renié la famille de Adams, de Shi Jinsong
– une pointe d’humour noir pour couples en instance de divorce [divorcé, elle a eu la moitié]
La Gazette du mauvais goût : îlot de mauvais goût dans un monde normé ou reflet déformant d’une société rejetant le bon goût par désir d’inconformisme effréné ? Quelque soit la réponse, elle peinera à masquer le plaisir coupable que vous prendrez à cette lecture ludique et régressive. Si toutefois votre bon goût résiste, rappelez-lui en plagiant brillamment Jean Quenet que « réussir à obtenir une harmonie dans le mauvais goût est l’apogée de l’élégance ».
Claire-Marie Foulquier-Gazagnes
Pour aller plus loin sur la thématique du mauvais goût : lire l’article “Et si le laid était le nouveau beau“
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