Théâtre
Une femme seule, splendide monologue au Guichet Montparnasse

Une femme seule, splendide monologue au Guichet Montparnasse

22 April 2011 | PAR La Rédaction

“Une femme seule” est un splendide monologue ironique centré sur la vie d’une femme, enfermée à clé tous les matins par son mari qui part au travail, et qui se retrouve donc « seule » (en scène, également), en compagnie d’un petit-fils qui ne fait que dormir, d’un beau-frère handicapé, et d’un personnage mystérieux qui téléphone à plusieurs reprises, en ne faisant que rajouter un nouveau désordre à cette vie déjà assez frénétique.

Cette femme se raconte au public en parlant avec sa nouvelle voisine d’en face, et au fur et à mesure que le temps passe, les vicissitudes “catastrophiques” de la pauvre prisonnière s’enchaînent les unes avec les autres, en créant un délire comique dont la conclusion inattendue remet tout en question…

Ecrite par Dario Fo et Franca Rame dans les années 1970, la pièce nous donne une photographie de vie quotidienne italienne, pas trop datée et pas trop irréelle non plus, bien que caricaturale… La transposition géographique et culturelle nuit certes un peu à l’authenticité de la représentation : la gestuelle et les mimiques de cette femme seule sont assez répétitives et soulignées, ce qui la place à la frontière entre schizophrénie et frustration névrotique. Cette personnalité complexe garde toutefois une cohérence sur scène, une humanité qui parfois se délite entre les gestes quotidiens, la passion et la rage, sans toujours passer loin du cliché. Il s’agit également d’un rôle particulièrement difficile, auquel Brigitte Lucas arrive à rendre une unité vibrante pendant les derniers instants du spectacle, avec une chansonnette, tragique dans la simplicité de ses paroles, chantées et jouées avec un fausset désarmant…

Avec un inédit et intelligent artifice de mise en scène, tous les bruits du spectacle sont réalisés par un jeune bruiteur, assis à son bureau au fond du plateau, qui prête aussi sa voix (ou mieux, ses gémissements) à certains personnages absents de la scène, mais évoqués grâce au son. Le résultat est jubilatoire, tant pour le savoir-faire du bruiteur que pour sa spontanéité dans le jeu, incroyablement juste dans l’interprétation des différents « hommes » qui côtoient notre héroïne.

Du rire et de la réflexion, dont on pourra profiter dans l’ambiance intime et décontractée du Théâtre du Guichet Montparnasse jusqu’au 11 juin, et à Avignon aussi, au mois de juillet, dans le cadre du Festival Off.

Sarah Anedda

 

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