Théâtre
Polices/Tu m’loves, Sonia Chiambretto face à l’histoire perpétuelle des violences policières

Polices/Tu m’loves, Sonia Chiambretto face à l’histoire perpétuelle des violences policières

25 November 2021 | PAR Amelie Blaustein Niddam

A mi-chemin entre la lecture et le théâtre, Sonia Chiambretto présentait hier soir au Théâtre Ouvert l’un de ses textes, dont l’actualité percutante fait remonter le passé.

Polices ! c’est en réalité une histoire à l’envers. En 2015, c’est un spectacle éponyme de Rachid Ouramdane où les mots de celle qui est également dramaturge accompagnent et soulignent la chorégraphie. Aujourd’hui, Polices ! revient aux origines, au texte presque nu sur la scène toute neuve du Théâtre Ouvert.  Ce nouvel objet est différent, il est autonome.  Le spectacle se compose d’un mix de deux textes, presque des poèmes : POLICES ! (L’Arche Éditeur, 2020) & Tu m’loves ? (Éditions Filigranes, 2021, sur un projet photographique de Marion Poussier).

Théo Askolovitch, Sonia Chiambretto, Lawrence Davis, Rita Foudali, Julien Masson, Emile Samory Fofana et Kaina Sananikone vont être les flics d’aujourd’hui et ceux d’hier. Ils vont être aussi les paroles des victimes de violences policières. La pièce remonte à 1942 quand les bus de ville permettaient aux policiers français de participer à la déportation des juifs, et de façon non chronologique, le texte passe par le massacre des algériens le 17 octobre 1961 pour arriver jusqu’aux yeux arrachés dans des manifestions à la violence extrême, et bien tristement, à la mort d’Adama Traoré.

Ce que pointe le texte de Police ! Tu m’loves c’est “le juste” et le “pas juste””. Adama Traoré méritait un jugement, pas un meurtre. Juste/Pas juste. La façon qu’a Sonia Chiambretto de prononcer ses mots, comme une enfant qu’on priverait de dessert, remplit le mot si léger de bavure. Il devient plein de sa rage, plein de sa guerre.

Alors on se promène, et surtout, on se déplace dans les formations des CRS. Il n’y a rien de manichéen ici, il ne s’agit pas de faire le procès de la police, mais de questionner ce qui déraille, la façon dont la possession de l’autorité vire à la tyrannie de façon internationale.

Dans une perspective universelle, les mots sont traduits en anglais, avec un fort accent américain pour nous rappeler que le mouvement Black Lives Matter est mondial. 

Avec quelques détails scénographiques : des néons, un gyrophare qui fait “PA.PON, PA.PON” et une trottinette, nous voyageons de Harlem à Dubaï en passant par le 9.3. 

Avec une langue directe et un rythme qui frappe, les comédien·ne·s balancent bien et fort.

Visuel : Théâtre Ouvert

 

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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