
Lost (replay), Gérard Watkins nous perd au Théâtre de la Bastille
Gerard Watkins revient au théâtre de la Bastille. Deux ans après Identité, il se confronte à un nouveau sujet d’actualité : le manque de communication. Le tout dans une proposition scénique quelque peu déconcertante malgré la présence de comédiens talentueux.
Jouons le jeu de ne pas lire le résumé de la pièce avant. Devant nous se dresse un plateau à trois étages. En haut de cet immeuble se trouvent deux appartements, lui (Fabien Orcier), surveillant de Service Après Vente de fournisseurs de “boxs” Téléphone/Télévision/Internet et elle, musicienne aimant l’épure. Ils ne se connaissent et pourtant, lui sait qu’elle est là car elle a eu à faire à un help desk. La chose est évidente, sa box ne communique pas…L’allégorie est un peu trop évidente pour séduire.
Dans un brouhaha intense, trois individus (Anne Alvaro, Gaël Baron et Antoine Mathieu) tombent du ciel, de “là-haut”. Comme la chute fut longue, ils sont sales et mal en point. On comprendra vite qu’ils sont des anges déchus venus observer l’humanité et la réparer. En anges modernes, ils sont sexués mais, en bon respect des traditions, ils restent invisibles. Elle est accompagnée de deux gars qui sont son ex et son ex-beau frère. La mention vient dire que même chez les anges, l’amour n’est pas protégé par Cupidon. Là encore, l’allégorie est un peu trop évidente pour séduire.
Watkins propose une scénographie déroutante qui par moments manque de limpidité. On ne comprend pourquoi les deux humains font des semblants de retours en arrière, ni, immédiatement, que les anges sont des anges, dont l’un sera un piètre serpent du jardin d’Eden. Le propos est ici embrouillé, venant enrober le sujet un peu facile des difficultés à se rencontrer dans les grandes villes. Au contraire d’Identité, qui présentait un espace décharné, le décor est ici chargé, peu lisible.
L’ennui gagne vite face à cette question trop souvent (mal) traitée. On aurait aimé plus de finesse dans la proposition. S’il y a dans le talent des comédiens, de quoi sauver le texte insipide et prétentieux, Gaël Baron ne peut pas résister à un monologue du serpent déprimant de ridicule dans un legging mal taillé. Seul le couple bénéficie de l’espace nécessaire à déployer un jeu intéressant autour du travail du son et du souffle. Elle munie d’un Shofar, une corne de Bélier, et lui mixant les voix. Watkins a fait le choix d’un décalage mièvre qui n’arrive pas à se situer entre fable burlesque et conte tragique. Le kitsch n’est pas tout le temps assumé, ce qui nous fait passer à côté de la sincérité.
Ce spectacle qui souhaite dénoncer la tristesse contemporaine se prend les pieds dans le sous sol où papotent les anges. Le final est une garniture sur une tarte à la crème bien trop lourde qui nous aura donc déçus du début à la fin.
Visuel : (c) Alexandre Punpkins