Théâtre
Le Théâtre de la Reine blanche reprogramme “Giordano Bruno, Le Souper des cendres”. L’occasion de revenir sur les répétitions de janvier 2020.

Le Théâtre de la Reine blanche reprogramme “Giordano Bruno, Le Souper des cendres”. L’occasion de revenir sur les répétitions de janvier 2020.

23 November 2021 | PAR Julia Wahl

Il s’agit d’un texte non théâtral, peu connu en France : Le Souper des cendres, un dialogue philosophique de Giordano Bruno, condamné à mort en 1600 pour avoir affirmé que l’Univers était infini. Un texte riche et dense, dont la précision scientifique n’empêche pas l’humour. Le metteur en scène Laurent Vacher avait bien voulu nous ouvrir les portes de ses répétitions en 2020, alors que les théâtres étaient encore fermés.

Mettre en scène le dilemme de Giordano Bruno

Une chaise, une contrebasse, un acteur et un musicien : le plateau, cet après-midi, est encore bien dépouillé. C’est que les répétitions n’ont commencé que depuis trois jours et que chacun, selon la formule du metteur en scène Laurent Vacher, “apprend à marcher”. Lui-même a coupé sans pitié dans le long dialogue du scientifique. Avec pour objectif de mettre en évidence le tâtonnement scientifique à l’origine de cette certitude : le monde est infini. Et rendre compte du dilemme du scientifique italien, vivre et faire mourir son œuvre ; mourir et laisser son œuvre vivre.

Un langage musical

Ces premières heures de travail sont donc, à l’instar de la démarche scientifique de Giordano Bruno, faites de tâtonnements. L’entrée en scène des inquisiteurs fera l’objet d’un récit porté par le comédien Benoit Di Marco, qui incarne Giordano Bruno. S’il scande le nom de chacun des hommes qui le mèneront au bûcher, il les ponctue d’une appréciation qui suffit à les réduire à néant : “Connais pas” ; “un sourd et une taupe” ; “dangereux menteur”. Des remarques malicieuses que le musicien, Philippe Thibault, accompagne par la création d’une partition propre à chacun de ces “juges”, pour nous faire entendre la lourdeur de l’un ou le ridicule de l’autre. Une forme d’écriture musicale à la Prokofiev, qui nous replonge dans le Pierre et le loup de notre enfance.

Une esthétique du dépouillement

Si, lors des représentations, Benoit Di Marco sera équipé d’un micro HF, le metteur en scène insiste pour que son usage soit léger. Le décor, de son côté, sera spartiate. La chaise sera simplement remplacée par un billot. L’idée, dans cette économie de moyens, est de rendre compte du dépouillement de la  cellule de Giordano Bruno pour mieux faire entendre sa voix.

Le Souper des cendres jouera jusqu’au 15 janvier 2022 les mardi, jeudi et samedi à 19h (19h30 le 30 novembre) au Théâtre de la Reine blanche. La représentation du 27 novembre sera suivie d’une rencontre avec Philippe Zarka, Directeur de Recherche au CNRS, Laboratoire d’Études Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique, celle du 4 décembre d’une rencontre avec l’équipe.

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Julia Wahl
Passionnée de cinéma et de théâtre depuis toujours, Julia Wahl est critique pour les magazines Format court et Toute la culture. Elle parcourt volontiers la France à la recherche de pépites insoupçonnées et, quand il lui reste un peu de temps, lit et écrit des romans aux personnages improbables. Photo : Marie-Pauline Mollaret

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