[Critique] « La Dame aux jambes d’azur » : un spectacle sympathique mais sans folie
Jean-Pierre Vincent exhume de l’oubli un texte court et méconnu de Labiche, sur une pièce ratée et un pseudo-auteur aussi incompétent que prétentieux. Cependant, sa mise en scène semble comme bridée, et retenue, ne permettant qu’un plaisir de spectateur assez modéré.
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Cette courte pièce écrite par Labiche en 1857 évoque fortement le cinquième acte du Songe d’une Nuit d’été consacrée aux artisans d’Athènes et à leur représentation fauchée et improvisée autour des amours de Pyrame et Thisbé, et on devine l’ampleur de son potentiel comique en voyant la version qu’en propose Jean-Pierre Vincent au Studio Théâtre de la Comédie Française.
Hélas, le spectacle ne convainc pas vraiment ; la pièce, moins dense que celle de Shakespeare, et n’ayant pas sa portée politique et sociale, tout comme sa puissance d’imagination, peine à s’élever au-dessus de l’anecdotique.
Surtout, on regrette une mise en scène guindée – et extrêmement sage pour une comédie – proposée par Jean-Pierre Vincent, avec la toile de fond de forêt pour accompagner la pièce d’Arnal. Le spectacle jamais ne s’emballe, et peu de gags déclenchent une hilarité véritable, tant le tout paraît si cadenassé, verrouillé, sans grandes surprises – même l’apparition au milieu des spectateurs de Mme Chatignard, loueuse d’un appartement pour lequel Grassot serait intéressé, manque franchement de spontanéité.
Seul arrive vraiment à tirer son épingle du jeu un Pierre Louis-Calixte dans le rôle d’un Ravel sceptique vis-à-vis de la pièce d’Arnal mais enjoué à la fois, ou encore les deux toutous aux basques de leur maître respectif, deux acteurs secondaires, et qu’il faut tenir pour ne pas qu’ils se sautent dessus. Ce qui est de tout façon appréciable avec les chiens ou les animaux en général, c’est qu’on est vraiment sûrs qu’ils ne peuvent pas surjouer !
On demeure en bref contents d’avoir découvert cette rareté de Labiche, mais il ne s’agit définitivement pas là du spectacle de l’année. On peut s’y divertir, mais assez modérément.
Crédit photos : Brigitte Enguérand.
Au Studio Théâtre, 99 rue de Rivoli (1er). Téléphone : 01 43 16 47 10.