Festival Purcell au Théâtre de l’Athénée : Didon et Enée
Pour l’ouverture de la saison, le Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet programme trois œuvres emblématiques de Henry Purcell : Dido & Æneas, King Arthur et Queen Mary. Didon et Enée
Une co-production avec le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yveline menée par l’Arcal, ce Dido & Æneas conçu par Catherine Kollen offre au chœur un rôle pivot, au même titre que les deux protagonistes. C’est à notre sens ce qui ressort le plus de la représentation. Dans la mise en scène de Benoît Bénichu, ce chœur, constitué des jeunes chanteurs de CRR de Paris, effectue des mouvements incessants, parfois assez maladroits, ce qui disperse l’attention jusqu’à faire perdre le sens de l’intrigue… C’est bien dommage, étant donnée que les étudiants de l’institution parisienne réalisent un travail vocal tout à fait honorable.
Chantal Santon Jeffery (Didon) domine la scène avec sa voix riche en couleur et expression, chaude et charnelle ; Yoan Dubuque (Enée) répond à sa partenaire par une interprétation pleine de justesse, son chant est toutefois très prudent et ne prend pas de risque. Si Daphné Touchais et Chloé De Backer montrent des moments plaisants, elles perdent un peu leur superbe face à la perfection de Santon Jeffery. Le fait que le coupe des rôles titres chante également d’autres personnages (Vénus et Magicienne pour la soprano et Phœbus, l’Esprit et le Marin pour e baryton) crée également une petite confusions, l’histoire devenant moins claire à suivre, même si la différence entre les personnages terrestres et ceux du monde fantastiques est nettement reconnaissable grâce aux costumes. En effet, Ceux des quatre personnages du monde humain sont taillés selon des modèles élisabéthain et classique, alors que des créatures fabuleux et les membres du chœur (« travaillé selon le thème de chimère, dans le sens Antique », précise Catherine Kollen) sont habillés en noir et blanc. Ces costumes associés aux décors épurés constitués de quelques rideaux, avec d’autres éléments scéniques, permettront « de jouer sur l’opacite et la transparence, mais aussi la translucidité et l’aveuglement, le brouillage entre réalité et imagination, la me?moire et l’effacement », toujours selon Catherine Kollen. Mais de prime abord, saisir clairement cette idée n’est pas aussi évident, même si on imagine que ces frontières sont floues.
Johannes Pramsohler dirige du violon son Ensemble Diderot, consacré essentiellement au répertoire des sonates en trio des XVIIe et XVIIIe siècle. Ce soir là, en formation d’orchestre, l’homogénéité n’était pas tout à fait au rendez-vous, si ce n’est que l’effet délibérément recherché.
Le Festival Purcell du Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet propose King Arthur du 3 au 7 octobre, puis Queen Mary du 10 au 13 octobre. Les détails sont sur le site du théâtre.
Direction musicale et violon : Johannes Pramsohler
Mise en scène : Benoît Bénichou
Ensemble Diderot
avec :
Chantal Santon (soprano) : Didon, Vénus, Magicienne
Jeffery Yoann Dubruque (baryton) : Enée, Phoebus, l’Esprit, le Marin
Daphné Touchais (soprano) : Belinda, 2e Néréide, 1re Sorcière
Chloé de Backer (mezzo-soprano) : Seconde Dame, 1re Néréide, 2e Sorcière