Danse
L’IMA célèbre un nouveau Printemps de la danse arabe

L’IMA célèbre un nouveau Printemps de la danse arabe

25 March 2019 | PAR Claudia Lebon

Après l’édition inaugurale de 2018, la danse arabe imprime de nouveau ses rythmes et ses mouvements variés au printemps qui démarre. Et la cadence fut donnée ce vendredi, à l’Institut du monde arabe, pour une soirée de lancement très contemporaine.

Initié l’année dernière, ce nouveau festival printanier prend déjà plus d’ampleur en investissant pas moins de sept salles de la région parisienne. L’IMA, Chaillot, le Tarmac, le MNHI, l’Atelier de Paris, le CND et le CentQuatre accueillent dès à présent et jusqu’au 28 juin, des danseurs venus d’Egypte, de Palestine, du Maroc, du Liban, de la Tunisie et des Comores.

Le trio de spectacles d’ouverture nous fait entrer dans une danse aux énergies contrastées.

Avec Et si demain, le collectif Nafass de l’ukraino-palestinien Nidal Abdo, laisse les corps raconter l’expérience de la guerre. Un langage sans filtre et une énergie brute que les mots n’osent ou ne peuvent porter. Sur une scène où la création peut opérer librement, la danse révèle l’inconscient ou le refoulé et propose la mémoire gardée par les sens. A la fois individuelle et collective, elle rassemble les corps dans une symbiose irrégulière qui semble mue par l’urgence, le réflexe vital de faire communauté.

L’exposé presque didactique d’Akeem H. Ibrahim (alias Washko) sur la relation de l’homme à la lumière nous paraît un peu lisse après cela. Avec Jusqu’à L, L’artiste nous présente en effet un spectacle construit comme une dissertation. De la lumière précieuse, complice de l’homme et source de joie à la lumière agressive, impudique et violente, thèse et antithèse débouchent sur une synthèse aux accents de science-fiction. Le tout nous paraît un peu convenu, la danse frôle parfois le mimétisme et le spectacle s’affirme par l’esthétique, la prouesse technologique et la performance.

Et c’est le moment de saluer le talent du quatuor de choc : Abdou Mohamed, Mohamed Oirdine, Fakri Fahardine et Ahmed Abdel-Kassim de la Compagnie comorienne Tché-Za ont clôturé la soirée en grande beauté. Chorégraphié par Salim Mzé Hamadi alias Seush, Soyons fous est un éloge de la révolte que les corps des jeunes danseurs, très habités, prennent en charge, dans une énergie proche du délire. Avec un langage contemporain qui intègre le hip-hop, les danseurs se laissent envahir par la furie du mouvement qui se fait agressif et impulsif. Les rythmes traditionnels qui nous entraînent avec eux, prennent peu à peu le dessus sur les sons électro et semblent nourrir la force de ces jeunes hommes jusqu’au climax de la révolte. Oui, la folie est motrice, la folie émancipe et elle appelle ici au changement des conditions d’existence des Comoriens. Une compagnie qu’il faut suivre !

Parmi les prochains spectacles, un Lac des Cygnes revisité par Radhouane El Meddeb et interprété par les danseurs du Ballet de l’opéra national de Rhin au Théâtre national de Chaillot. Retrouvez tout le programme de ce Printemps 2019 ici.

Visuel © Cie Tché-Za

Infos pratiques

Il faut s’adapter — sur un nouvel impératif politique de Barbara Stiegler
Julie Roué : «C’est en voulant faire de la musique que je suis tombée sur le cinéma»
Claudia Lebon

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration