
Éléphant, les lourds symboles de Bouchra Ouizgen
La chorégraphe que l’on avait découverte ébahis avec Ottof puis le choc Jerada, également présenté au Centre Pompidou dans le cadre de la programmation du Festival d’Automne, revient avec un Éléphant bien trop pesant.
On se souvient des femmes fantômes de Ottof, qui signifie « fourmis » en berbère. La pièce montrait comment ces femmes, travailleuses acharnées, si indispensables à la structure familiale et pourtant invisibles, étaient tenues pour acquises dans le monde qui les entoure. On se souvient de Jerada qui tournoyait à nous rendre fous. Dans ces deux pièces nous étions invités à avoir un regard actif. Eléphant comporte tous les éléments des spectacles précédent mais dans une version atténuée.
La première image agresse avec rythme. On y voit une femme, puis deux autre laver le sol à main nue, comme des esclave. Le corps est lourd, la tête est recouverte d’un gros turban. L’image est insoutenable, d’autant plus qu’elle est soutenue par une musique classique marocaine, joyeuse qui fait dialoguer rapidement les violons et les percussions. Elles sont assignées à être confondues avec des serpillières. Depuis 2015 et Ottof, rien n’a changé, les femmes courbent le dos.
Puis, vient un autre mouvement, qui montre ce groupe, augmenté d’une quatrième interprète dans leur vies et leurs jours. Éléphant montre le temps qui passe, le vivre ensemble séparé des hommes. Le dos peut enfin être droit et les tissus qui s’enchevêtrent sur les épaules des danseuses peuvent un peu s’alléger.
Le rythme est omniprésent, il vient d’elles, qui chantent dans des cris. La pièce finit par s’écouter plus qu’elle ne regarde. Milouda El Maataoui, Bouchra Ouizguen, Halima Sahmoud et Joséphine Tilloy cherchent à nous transmettre leur identité.
Malheureusement, rien n’y fait, nous sentons au fur et à mesure que le tempo s’accélère et que les corps tournent en cherchant à nous enivrer, que le charme ne prend pas. La lumière léchée de Sylvie Mélis est un écrin et le son nous entraîne pourtant dans les entrailles du Maroc traditionnel. Cela ne suffit pas à nous faire entrer dans cette pièce dont la structure chorégraphique, faite de tableaux définis, nous apparaît elle aussi un peu trop traditionnelle pour nous entraîner dans son geste.
Centre Pompidou – 14 au 17 septembre 2022 .
T2G Théâtre de Gennevilliers-29 et 30 septembre 2022
Points communs – Théâtre 95-11 octobre 2022
Visuel ©Hervé Veronese