Danse
Les Dionysiens et Maguy Marin main dans la main dans Octobre à Saint-Denis

Les Dionysiens et Maguy Marin main dans la main dans Octobre à Saint-Denis

06 November 2019 | PAR Lisa Bourzeix
C’est dans une “création intergénérationnelle avec des amateurs” que le talent de la chorégraphe Maguy Marin s’illustre une fois encore. Un travail de transmission rare où le travail de l’artiste et les habitants se mêlent, où les corps se rencontrent sans jamais se gêner.

 
 
Difficile de trouver l’envie d’aller au théâtre en ce dimanche d’automne pluvieux, et pourtant… A peine après avoir mis un pied dans le Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, la chaleur et l’accueil du lieu suffisent à nous faire oublier la morosité ambiante. Sensation confirmée à l’issue de la représentation : ça valait le coup de se déplacer. 
 
C’est sur une scène épurée que va se jouer la pièce de Maguy Marin et le groupe d’une trentaine d’habitants de Saint-Denis formé pour l’occasion. La pénombre permet à peine de distinguer les silhouettes, seul le bruit des mains qui frappent le mur en cœur résonne dans la salle. Puis, progressivement, se forme une ligne en fond de scène, qui, à l’image d’un serpent, disparaît dans les coulisses de derrière pour se dessiner désormais sur le devant de scène. Tous les corps alignés, de dos, surplombés par les images de leurs portraits sur le mur, permettent de distinguer l’hétérogénéité du groupe. Ils s’effondrent par moment, puis se soutiennent. Et ils déclament un texte, dans une multitude de langues. Certains mots reviennent, les “multiplicités toxiques”, la “bêtise”, une ritournelle à l’image de la danse qui suivra. 
 
Le groupe, main dans la main, déambule dans l’espace à tous les niveaux. La danse s’accélère parfois pour finir son oscillation sous la scène. Puis, l’ambiance s’assombrie et ce n’est pas du ciel mais bien du sol que sort un Pape. Soutane, Férule, tout y est. C’est donc tout un aréopage qui le suit maintenant, vêtu de différentes couches de vêtements liturgiques. Le thème du religieux, sensible mais latent prend place sur le plateau, quelques minutes peut être, pas plus. On y retrouve l’accumulation, d’objets, de mouvements, un élément récurrent dans le travail de Maguy Marin, ce qui permet, une fois encore, de traiter ce thème avec brio.
 
Ils sont désormais débarrassés de leurs accoutrements, redevenus eux-mêmes, créant désormais une folle farandole qui ne cessera de s’animer au rythme de la musique forte, puissance même, qui mènera jusqu’à l’acmé, au point culminant comme sait le faire la chorégraphe. Des lettres rouges passent, un temps sur deux, en avant, en arrière, prises dans le mouvement. Il est au départ difficile de distinguer les mots qu’elles forment, mais ça finit par frapper, comme une évidence. Liberté, Egalité, Fraternité. Le temps de comprendre, de réaliser que la musique a envahi tout l’espace et que sur scène, ce sont eux l’incarnation de ces trois mots et c’est le noir. 
 
Visuels : Images de répétition @Valentine Gautier, @Bruno Lévy pour In Seine-Saint-Denis
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Lisa Bourzeix

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