Danse
Carte blanche à l’Arsenic au Centre Culturel Suisse : Laetitia Dosch et Simone Aughterlony

Carte blanche à l’Arsenic au Centre Culturel Suisse : Laetitia Dosch et Simone Aughterlony

28 November 2012 | PAR Smaranda Olcese

L’Arsenic, plaque tournante de premier ordre pour la création contemporaine suisse et européenne, qui accueille et soutient depuis sa création en 1989 des créations des plus pointues du secteur du théâtre, de la danse, de la performance, de la musique ou en installations, s’invite à Paris au mois de novembre. Dans le cadre d’une carte blanche, Sandrine Kuster, directrice de l’Arsenic, programme sur la scène du Centre Culturel Suisse les performances à tour de rôle détonantes et métaphysiques de Laetitia Dosch et Simone Aughterlony.


Des compagnies de renommée internationale telle que La Cie Gilles Jobin, des artistes atypiques comme Massimo Furlan ou encore YoungSoon Cho Jaquet se croisent à l’Arsenic à Lausanne. L’effervescence de la scène helvète, dont les festivals FAR° à Nyon ou La Bâtie à Genève sont un baromètre enthousiasmant, déborde les frontières. Une même énergie et un même penchant pour la transdisciplinarité animent les propositions des deux jeunes performeuses invitées au CCS à Paris, qui font le grand écart entre des registres fort éloignés de la création contemporaine.

Remarquée dans le court-métrage de Justine Triet, Vilaine fille, mauvais garçon, sélectionné aux Césars 2013, primé dans des nombreux festivals, dont une Nomination pour le meilleur court-métrage européen 2012 au Festival de Berlin, Laetitia Dosch annonce d’entrée de jeu la couleur de sa performance. Au printemps 2012, elle avait déjà fait péter Artdanthé. Elle menace de récidiver lors de la prochaine édition du bouillonnant festival qu’accueille le Théâtre de Vanves. Sens propre et figuré sont d’emblée convoqués dans un one woman show désopilant et borderline. L’humour noir et fracassant, l’énergie intarissable, contagieuse sont les principaux ingrédients d’une performance qui entraine, déconcerte, et nous laisse finalement à bout de souffle. Toute une humanité estropiée défile dans ses blagues qui n’ont rien de politically correct et mobilisent des handicapés, des vieux, des religieux… Un fœtus est longuement évoqué dans une chanson qu’elle entonne avec une voix de crécelle, qui navigue entre fou rire et crise de larmes. Dans son marathon effréné, Laetitia Dosch ménage des moments d’incertitude prolongés, comme cet oubli qui la fait reprendre tout son show en accéléré. Ces ruptures de rythme donnent la mesure de l’emprise qu’elle est capable d’exercer sur le public. La performeuse avoue être partie d’un exercice sur le ratage, l’inachevé. Dès qu’elle sent que ça prend, avec une désinvolture suicidaire, elle change de cap. Fière Mimi cracra de la scène contemporaine, portée par un environnement arty, Laetitia Dosch met les pieds dans le plat, fait des frasques, régresse jusqu’à son plus archaïque stade de l’enfance. On rit de la brutalité de ses sketchs mais parfois tout prend une tournure parfaitement flippante. On suivra de près le parcours de cette véritable bête de scène, rare et indomptable, qui semble se chercher encore.

Simone Aughterlony nous invite avec We need to talk à un tout autre type d’expérience. Autour d’un globe terrestre ocre, massif, flottant, le plateau vide prend des allures d’espace intersidéral que la performeuse arpente en cosmonaute de la mémoire. Sounds of the Earth, capsule du temps contenant des sons, des chansons, des paroles envoyées en 1977 par la NASA, est le point de départ et le fil conducteur de la pièce, qu’il amène vers des territoires impondérables ponctués des questions auto-biographiques, intimes, rehaussés d’un humour qui ménage plein de surprises. Nous n’en dirons pas plus, la performance est donnée encore ce soir et demain.

 

photographies © Simon Letellier, Jorge Leóne

 

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Smaranda Olcese

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