Carolyn Carlson fait danser les tigres dans la maison du thé
Tigers in the tea house est une reprise d’un spectacle créé par Carolyn Carlson en 2004, il nous plonge dans l’univers préféré de la chorégraphe américaine : l’Asie.
Décor zen. Grand panneau en fond, trois en guise de pendrillons, un bassin rectangulaire d’eau rase que bientôt des pierres transformeront en jardin… zen
Zen l’entrée des trois danseurs prodiges qui semblent voler. A bien y réfléchir, comme dans un manga version chic, ils volent vraiment. La puissance de saut allié à une élégance du geste donne à leur performance une sensation de rêve éveillé.
Comme un trait d’identité, la directrice artistique du Centre chorégraphique national Roubaix – Nord-Pas-de-Calais propose une danse figurative et récitative. Le propos limpide est appuyé par des costumes faits de jupes et de pantalons amples. La fluidité est ainsi renforcée par les tissus virevoltants.
Nous sommes donc dans la maison du thé, un temple où la vie se déroule rythmée par les arts martiaux, les prières, les cérémonies du thé, les querelles et les rires. Pour raconter, une chorégraphie aux décalages et aux diagonales nombreux se déroule. Carolyn Carlson joue des couleurs pour indiquer les changements d’humeur. Rouge, beige, vert, l’atmosphère évolue comme une journée se passe. Cela s’inscrit dans l’origine même des artistes venant de Chine, de Corée et du Japon et cela se traduit par des influences dans le mouvement venant des trois pays. Le bouddhisme, le Tai-Chi et en fil… le thé bien sûr. Le dialogue entre les danseurs et la chorégraphe au moment de la création semble ici intense.
Trois hommes pour trois personnages : un fou, un guerrier, un sage. Hommage sans appel aux cultures orientales et au trait de la plume asiatique.
Tigers in the tea House se regarde comme on lit une succession de poèmes au jardin. Les geishas s’invitent sous l’ombrelle, les cerisiers rose sont en fleurs. Un spectacle à l’univers apaisant d’une pure beauté.
Visuel : Frédéric Lovino