Pop / Rock
[Chronique] « Viet Cong » : crade comme le Monde, punk comme son ombre

[Chronique] « Viet Cong » : crade comme le Monde, punk comme son ombre

19 January 2015 | PAR Bastien Stisi

Le premier album de Viet Cong a été enregistré dans une étable d’Ontario (sic) transformée en studio pour l’occasion. Ce court résumé des conditions de mise sur pied du successeur du très crado EP Cassette (qui est aussi disponible en édition digitale) indique à lui seul le genre de types auxquels l’on a affaire ici. 

[rating=5]

Avec ces Canadiens à l’appellation de force armée coco viêt (période « on botte en touche les vilains capitalistes ricains »), on se rapproche véritablement de cet esprit DIY (« Do It Yourself ») revendiqué si fièrement (autant qu’il a été galvaudé ensuite) par les tous premiers punks, que ce soit dans sa démarche créative ou dans les sons véhiculés par un premier album signé chez les irréductibles de Jagjaguwar (Foxygen, Bon Iver, Volcano Choir…) et que l’on aurait pu croire issu des recoins ombreux et post-punk du Manchester de Joy Division ou d’Inca Babies (Calgary, leur ville d’origine, n’est visiblement pas plus réjouissante), croisé avec le disco rock fou et thérapeutique de Poni Hoax. Nicolas Kerr, d’ailleurs, puise pour sa part une partie de la folie qu’il transcrit sur disque dans son rapport avec son historique cambodgien (le pays des Khmers rouges, voisin du Viêt-Nam). Est-ce vraiment un hasard ?

De la martialité tambourineuse, violente et chamanique de l’introduction « Newspaper Spoons », aux boucles obsessionnelles et gangrenées de « Pointless Experience », en passant par les mélodies broyées de « Continental Shelf » et l’interminable assaut synth-noisy de « Death », il y a ici sept morceaux lo-fi et glaciaux que l’on devra se passer, de préférence, avec le volume au max, le torse nu plein de tatouages apaches, enfermé dans une cave ruisselante d’humeurs bipolaires (celle du Point Éphémère, le 9 février, par exemple ?)

Certains écrivent des manifestes. D’autres font des albums de post-punks crades comme le Monde. Et quand le besoin se fait sentir d’hurler la révolte, ceux-ci peuvent s’avérer parfaitement complémentaires. La grosse claque post-punk de cet hiver.

En concert au Point Éphémère le 9 février.

Viet Cong, Viet Cong, 2014, Jagjaguwar / [PIAS]

“Le dernier lendemain” de Ryan David Jahn : un polar dans les règles de l’art
[Interview] Olivier Lacut – Ceux de 14
Avatar photo
Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration