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Playlist de la semaine (134)

Playlist de la semaine (134)

10 October 2015 | PAR Bastien Stisi

L’excellent album électro pop de Say Yes Dog, le clip marbré signé De La Romance, l’électro anthropologiste de Nicolas Cruz…la playlist de la semaine, rendez-vous hebdo confectionné par Toute La Culture, rien que pour vos oreilles et pour vos tympans exigeants :

1. Say Yes Dog, « Stronger »

La filiation, annoncée, avec les animateurs de foules et de boules Hot Chip ou Metronomy n’est donc pas usurpée : avec Plastic Love, un premier album paru le mois dernier, les Say Yes Dog offrent la solution ultra efficace contre les journées embrumées en même temps qu’un cocktail d’électro pop où le soleil des instrus ne se laisse pas recouvert par la mélancolie qui émerge de lyrics chantés avec une grâce toute pop. On dit donc « oui », évidemment, à ces gentils cabots-là, qui feront bouger bien davantage que les seuls canins positifs de leurs espèces, puisqu’ils semblent faire partie des ces groupes qui savent parler en même temps à l’auditoire qu’on chope dans l’instant en même temps qu’à celui qu’on chope après longtemps.

2. De La Romance, « Crazy Moon »

La Lune (et l’attraction nocturne, par filiation ?) nous pousse parfois à faire de drôles de choses. La Lune folle (ou « Crazy Moon », restons fidèles au texte) rencontrée par la nymphe qui illustre le nouveau clip du projet de Vincent Girault De La Romance, pour sa part, la pousse à tomber sous le charme amoureux d’un Apollon statufié et qui demeure (forcément) de marbre devant les avances suggestives d’une figure féminine audacieuse. Le clip, cinématographique, cultivé et malin, permet aussi de pointer du doigt la sortie du premier vinyle éponyme du projet, qui regroupe en son sein deux premiers EP (As We Feel et Secret World) qui permettent de se persuader que l’idée d’électro pop n’est pas incompatible avec celle, pas toujours voisine, de véritable sensibilité.

3. Nicolas Cruz, « La Cosecha »

La démarche de Nicolas Cruz, producteur équatorien qui sait aussi bien regarder vers hier (l’exploration des musiques andines) que vers demain (l’utilisation des musiques électroniques),  rappelle la démarche, plus poussée et moins technoïde, d’un Matias Aguayo, ce Chilien pareillement adepte de ces sublimes mélanges anachroniques permettant de se chevaucher sur une même track des éléments que seul le XXIe siècle est capable de faire dialoguer. Plus anthropologique que touristique, Prender El Alma, autoproduit, convoque ainsi chants indigènes rythmiques et basses deep électroniques, et s’inscrit dans un mouvement plus vaste déjà engagé par quelques contemporains déjà remarqués (La Yegros, Animal Chuki, Frikstailers… ) Sortie le 30 Octobre 2015 chez ZZK Records.

4. Sauvage, « Pueblo »

Réalisé par Maximilien Franco et rendu possible par les galipettes chorégraphiques de Julien Meyzindi (de l’Opéra National de Partis), le clip de « Pueblo », nouvel extrait du premier EP de Sauvage, paraît directement faire référence au nom de cet EP (Jadis) puisqu’il propose le voyage dans un temps incertain d’un danseur déambulateur à la recherche d’un passé pas si éloigné. Tournée à Paris (entre la rue de Montorgeuil, le parvis de la BNF François Mitterrand et le boulevard de Clichy) la vidéo remet un coup de projecteur sur un duo qui n’en avait pas manqué lors de la sortie de ce premier disque (il y a un an), et dont on guette désormais les prochaines avancées.

5. Nat Jenkins and the HeartCaves, « Turn Me On »

Le parcours de Nat Jenkins and the HeartCaves, vecteurs d’un rock mélodique, lyrique, énergique mais paradoxalement sans trop de mimiques (c’est l’essentiel) est marqué par l’étirement constant entre deux îles, plus ou moins grandes. La Grande-Bretagne d’un côté, dont le chanteur Nat Jenkins est issu, une terre à laquelle fait outrancièrement référence un premier album paru en 2014 chez Camouflage Recordings (Now Here This), et un second à paraître ce 30 octobre (Back To The Island). Le continent eurasien de l’autre (la France en fait exclusivement, n’exagérons rien…), puisque c’est à Paris que Nat Jenkins a rencontré les HeartCaves, et que le groupe a pu constituer, conséquence de lives convaincants, une fan base suffisamment pertinente pour que l’on voit dans le titre de ce premier morceau (« Turn Me On ») une indication globale de ce que génère l’arrivée de ce second album…En concert le 4 novembre au Badaboum.

6. No Money Kids, « Vagabond Train »

Dans une tendance de blues rock électrique (lorsque ce n’est pas électronique) convoquant Hanni El Khatib, Jack White ou les premiers Black Key (pour les plus connus aujourd’hui) et Heymoonshaker, Chinese Army ou Bikini Machine (pour les Français qui seront très connus demain), il convient donc aussi de placer définitivement No Money Kids, duo de garçons (Félix Kazablanca à la guitare / chant et JM Pelatan à la basse et aux machines) dont on aurait pu passer, vu le bruit émis, qu’ils étaient bien davantage. Pas de fric pour les gosses donc, et manifestement quelques blessures cicatrisées par le biais du périple nomade d’abord (le clip de « Vagabond Train », livré ici) et par la croyance dans le moi plutôt que dans celle d’autrui (l’album I Don’t Trust You, qui sort à la fin du mois). Au MaMA le 16 octobre, puis le 26 au Divan du Monde.

7. Nadeah, « Meet a Man »

Nadeah, la jolie australienne qui nous avait envoûté au chant de Nouvelle Vague et fait danser avec son premier album Venus Gets Even (2011) est de retour, plus sexy que jamais. Après une campagne de teasing torride, voici enfin le clip éponyme de son nouvel EP Meet a Man (Kwaidan Records) où sa voix suave colle à la peau d’une instrumentation rock un peu sale et hypnotique. Filmée en bikini aux couleurs des USA entièrement à l’i-Phone 4S, Nadeah joue à fond la carte du teasing et annonce en pythie une chute très sensuelle. La température monte et le rythme cardiaque s’emballe. On attend les autres titres et le concert à La Boule noire du 29 octobre. (Yaël Hirsch)

Visuel : (c) pochette de Prender El Alma de Nicolas Cruz

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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