Concert exceptionnel : Marianne Dissard et SuperBravo (Holden) au Babel Café le 24 mai (entrée libre)
Trop peu connue en France, Marianne Dissard, qui était de passage à la Loge en janvier (cf. live report) et était venue au Babel Café en solo, sera de retour au bar du boulevard Ménilmontant le 24 mai, partageant l’affiche avec son amie Superbravo, autrement dit Armelle Pioline, moitié de Holden. Une belle affiche pour une soirée formule café-concert, avec entrée libre donc.
En France, on n’a pas de pétrole, mais on a Bénabar. Aye. Anaïs ? Aye. Cali, Renan Luce, Olivia Ruiz, Brune, Peps, Rose ? STOP ! En tout cas, en France, on n’a pas Marianne Dissard, puisqu’elle vit à Tucson (Arizona), et c’est bien dommage et ça explique qu’elle soit trop peu connue par chez nous.
De passage en janvier avec son groupe de musiciens arizoniens et français (dont le talentueux Brian Lopez dont il faudra que nous vous reparlions ; faites un tour sur son MySpace), Marianne Dissard nous en a mis plein les yeux et les oreilles, confirmant l’ardeur de son aura mi-sensuelle mi-inquiétante, qu’on avait devinée voilà maintenant 12 ans dans sa collaboration avec Calexico (« The Ballad of Cable Hogue »).
Déjà quatre albums au compteur pour Marianne Dissard, puisque L’Abandon (toujours pas distribué en France… une honte) est paru cette année au pays de Bob Dylan et distribué de-ci, de-là, notamment en Halleumagne. Un album musicalement très marqué par l’ancrage géographique de notre expatriée compatriote, entre rock du désert et sonorités hispaniques (et même un presque blues avec “The One and Only”, voir le clip ci-dessous), avec çà et là des rehauts de Hammond ou de trompette jazzy. Une formule qui rappelle que Marianne Dissard gravite dans la galaxie Burns/Convertino (Calexico). Côté paroles, l’artiste n’est pas en reste, avec des paroles étranges, mordantes, d’une sensualité âpre ou drolatique à mille lieues des neuneuseries pleurardes de la chanson française, jouant des mots – et rappelant parfois Babx – et des langues (français surtout, anglais et espagnol aussi) dans des poèmes aux airs de collage cubiste où les images s’enchaînent de façon “stroboscopique”.
SuperBravo, qui avait joué en première partie de Marianne Dissard au mois de février à la Loge (et conclu le concert sur un comique “Porque te vas” improvisé) est plus connue en tant que moitié du duo-noyau de Holden, l’un de ces groupes qui font la fierté – serait-elle discrète – de la scène française, tout comme les artistes proches d’eux comme Dominique A ou Jean-Louis Murat. Avec ses paroles poétiques et sa musique classieuse, Holden aurait dû rencontrer un succès plus vaste, mais dans la France de Gérald de Palmas, le talent atteint la lumière aussi souvent et accidentellement qu’une taupe égarée. En solo, Armelle “SuperBravo” Pioline évolue dans un registre autre, minimaliste (boîte à rythme, guitare, voix, loop station – mais pas que) et anglophone, lo-fi, spontané, d’une beauté qui a parfois le charme naïf des peintures du Douanier Rousseau, à l’image de l’irrésistible sucrerie “Multiply the Rain”, qui rappelle volontiers The Moldy Peaches.
MySpace de Marianne Dissard
MySpace de SuperBravo