[Live-Report] : Regina Spektor en echo d’extase avec son public au Trianon (05/07/2012)
Cela faisait trois ans qu’elle n’était pas passée par Paris et elle n’a prévu qu’une date en France dans sa tournée. Malgré le peu de presse, Regina Spektor a réuni son public pour cette unique date du Trianon. Un public jeune, attentif et accro, auquel elle a offert en priorité les titres de son nouvel album “What we saw from the cheap seat” (voir notre critique du cd), plus quelques bonus de ses six auteurs albums. Live-report du concert d’une grande timide qui dépasse ses limites en arrangeant tout jusqu’à la perfection.
Précédée par son compatriote New-yorkais Jack Dishel du groupe Only son, un chanteur à voix (il assure les chœurs dans plusieurs des titres du dernier album de Regina et est revenu interpréter leur duo “Call them Brothers” sur scène), c’est en robe d’été blanche et bleue parfaitement ceinturée que l’auteure compositrice et interprète est arrivées sur scène dans des hurlements de joie de son public. Une salle plutôt jeune (18-25 ans), internationale (on parlait russe et anglais) et applaudissant aux premières notes de piano de chaque morceau, toujours immédiatement reconnu et apprécié. C’est à son délicieux manque de brushing que l’on reconnaît d’abord les origines russes de Regina Spektor, qui s’est d’abord cachée auprès de son grand piano pour surmonter le trac. Elle a d’ailleurs avoué plus tard qu’il ne fallait pas qu’elle change de place, qu’après elle perdait le fil (ce qui est évidemment faux).
Avec un programme fixe pour viatique, elle a principalement joué les titres de son nouvel album, accompagnée par une violoncelliste, un batteur et un homme préposé aux instruments magiques: “les câbles et les claviers”. Câbles par lesquels a lâché les vannes d’un son plus électronique et bien moins acoustique que lors de sa précédente tournée. Panachant son programme de quelques anciens titres (à commencer par “Blue lips” et “Eet” de l’album “Far”, “Better” de l’album “Begin to hope”, la chanteuse a porté toute son attention sur les nouveaux titres. Elle a quasiment tout chanté, notamment les pistes de la version deluxe de “What we saw from the cheap seat”, avec une énergie et une émotion qu’aucun enregistrement ne peut convoyer.
Fidèle et prompt, le public connaissait déjà par cœur les paroles de “All the Rowboats“, et a su sourire au troisième couplet de la vieille reprise de “Ne me quitte pas” où Regina dit aimer Paris au printemps sous la pluie. Entre minauderie et véritable soulagement, Régina parlait à ses fans en quelques bribes de français et semblait comme une fleur que l’on remet dans l’eau à mesure que les tonnerres d’applaudissements et les “je t’aime” dans la triade ruse, anglais, français fusaient. Étrangement, le beau titre” Après moi” où les trois langues sont présentes a été demandé mais ne faisait pas partie du programme. Quant au bonus le plus bouleversant de l’album, la prière composée par le “Brassens russe”, Bulat Okudzhava (1924-1997), Regina y a mis toute son âme quand elle l’a chantée dans la langue de ses ancêtres. Mais elle ne l’a pas contextualisée, ni même indiqué qu’il s’agissait d’une traduction d’un texte…. de François Villon.
Parfaitement aérienne dans “Open”, assumant jusqu’au bout le “schmalz” (les flons flons) d’une boucle de piano qui s’étrenise dans “Firewood”, ayant subtilement placé des vieux sons de scratch de 33 tours pour l’italianisant “Marcello”, Regina a conservé le ska et les jeux de bouche, externalisé les percussions (elle a dû se lasser de frapper elle-même sur son piano tout en jouant sur le clavier de l’autre main, comme elle faisait auparavant), et encore peaufiné sa voix qui, plus qu’un jouet parfait, devient à temps, d’une profondeur abyssale. Dans le déchirant “How” mais aussi et surtout dans l’ironique “Ballad of a Politician” et dans l’apparemment sucré “The Party”.
Au bout d’1h20 de musique, quand Regina Spektor salue, le public trépigne deux bonnes minutes pour demander son retour. Elle sait se faire attendre. Mais revient,parfaitement professionnelle, pour livrer une version rythmée de “Fidelity” proche de celle de sa dernière tournée et repris en chœur, son “Dance anthem from the 80’s” endiablé et un “Samson” toujours aussi éblouissant…
L’on ressort du concert à la fois ravi, ébloui et un peu triste : et s’il fallait encore trois ans pour avoir la chance d’entendre les profondes compositions de Regina Spektor sur une scène parisienne?
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3 thoughts on “[Live-Report] : Regina Spektor en echo d’extase avec son public au Trianon (05/07/2012)”
Commentaire(s)
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antoine damien
Concert formidable!!! Beau, magnifique, émouvant, vivement le prochain!!!
valérie
Le show était super, la première partie par son amoureux était une géniale découverte, Regina au top, que demander de mieux?