
Yaron Herman inaugure avec brio la 22è édition du festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés
Le 10 mai 2023, le pianiste virtuose israélien Yaron Herman ouvrait le bal de la 22è édition du festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés dans la cour d’honneur de la Monnaie de Paris. Malgré la pluie, le public est venu nombreux pour écouter les improvisations éblouissantes de l’immense artiste. Piano « aqueux », génie créatif et danse des nuages étaient au rendez-vous. Une soirée événement.
« Concerts uniques, lieux exceptionnels »
Programmée du 10 au 17 mai 2023, la nouvelle édition du festival germanopratin nous offre une fois de plus l’occasion d’écouter des musiciens de haute volée dans des lieux prestigieux. En guise d’ouverture, quoi de mieux que la cour d’honneur de la Monnaie de Paris, dessinée par l’architecte Jacques-Denis Antoine dans un style néoclassique, pour accueillir Yaron Herman ?
Positionné devant les colonnes de pierre illuminées de mille feux, un barnum blanc abrite un majestueux Steinway noir ouvert. Le public s’installe au centre de la cour et observe dans le ciel les nuages s’amonceler… Au moment même où Frédéric Charbaut, l’un des créateurs du festival, nous dit que nous avons eu de la chance avec la météo, les première gouttes de pluie commencent à tomber…
Les parapluies s’ouvrent, quelques personnes se réfugient sous les arcades latérales et Yaron Herman fait son entrée sous les applaudissement du public. La pluie tombe de plus belle mais dès les premières notes, c’est un jaillissement de beauté et de poésie qui inonde l’espace.
Le merveilleux au bout des doigts
Yaron Herman fait partie de ces pianistes rares qui, à partir des 88 touches du clavier, nous offre l’infini. Quand ses doigts entrent en contact avec l’instrument, il se passe vraiment quelque chose. Le temps et l’espace se contractent. Tout s’accélère et ralentit à la fois. Les improvisations du pianiste plongent le public dans un état second. Les battements cardiaques suivent la rythmique de la main gauche et l’on se laisse porter par les envolées lyriques de la main droite. On se retrouve happés, le temps d’un concert, dans une bulle méditative, dans un ailleurs merveilleux. On oublie la pluie, le monde extérieur. On oublie tout.
Devant un public conquis, le charme opère : les bras de Yaron Herman se tendent, les épaules se retrouvent projetées vers l’arrière et c’est tout le corps qui expulse les phrases mélodiques et les accords vrombissants. Les genoux sont fléchis, le dos s’étire vers le ciel et les jambes donnent une impulsion vers l’avant. Mu par un élan irrépressible, comme traversé par un courant électrique, Yaron Herman est littéralement porté par la musique. Il s’approprie les éléments extérieurs et les intègre à ses compositions. On dirait presque qu’il fait du kitesurf avec son piano. Le vent fait danser les nuages qui s’éclipsent enfin et le bleu du ciel ressurgit.
L’âme du monde en musique
La musique de Yaron Herman est un mélange élégant et audacieux de classique et de jazz. On devine en filigrane les inspirations de Keith Jarrett, de Debussy et de Bach. Gabriel Fauré sera également mis à l’honneur avec la reprise sublime d’« Après un rêve », que l’on retrouve sur son dernier album Alma. On reconnaît quelques citations comme « All the things you are » ou « Saint Thomas ». Puis le pianiste convoque le sacré avec une version très spirituelle d’« Auld Lang Syne » (Ce n’est qu’un au-revoir). Quand une interprétation inédite de « Jérusalem of Gold » résonne dans la cour d’honneur, le public retient son souffle et s’imprègne de la magie de l’instant.
Un très très beau cadeau.
Visuel : (c) Pascal Bouclier
Yaron Herman Piano Solo
Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés
22è édition
Monnaie de Paris
10 mai 2023 à 20h