Musique
Francofolies de La Rochelle : Martin Luminet, un talent Monstre

Francofolies de La Rochelle : Martin Luminet, un talent Monstre

12 July 2021 | PAR Cedric Chaory

Depuis le samedi 10 juillet, c’est reparti pour le festival des Francofolies de La Rochelle. Aux têtes d’affiche de la première journée que sont Grand Corps Malade, Claudio Capéo et Jean-Louis Aubert, Toute la Culture a préféré découvrir de jeunes pousses et le DJ marseillais Kid Franscecoli.

Une salle, deux ambiances

15 heures. Avec Jane Birkin qui donne son récital dans la Grande salle de la Coursive, il est le premier artiste à ouvrir le bal de cette édition des Francos 2021, celle du presque monde d’après. Martin Luminet le sait : essuyer les plâtres est une gageure. Face à un public « en rééducation » après de nombreux mois de privation de salle de spectacles, l’auteur-compositeur joue la carte de l’humour pour faire retrouver à ses spectateurs les us et coutumes du bon festivalier (vous savez tous ces ola, les Woo ooo OOOOh, les rappels, etc.). La scène, il connaît par cœur puisqu’à contre-courant de l’industrie musicale, il en a foulé des dizaines avant même d’enregistrer son premier EP Monstre. Une œuvre qui en cinq titres plante l’univers d’une introspection poético-pop très lucide. Si à son écoute, on se doute qu’« on ne va pas mourir de rire » comme dirait Mickey 3D, sur scène l’album prend des allures de stand up tant Martin Luminet, dépressif joyeux, enchaîne les vannes. Et alors que ces sorties pourraient ternir la profondeur et la beauté des titres ; sur le fil, elles parviennent à équilibrer le set entre spleen et éclats de rire. Aussi, dès la fin du premier titre, il adresse à son public : « On arrive déjà à la deuxième chanson, le temps passe vite quand on s’amuse comme ça » puis Droopy mélomane poursuit avec Monde, Magnifique, Cœur… des titres que nous, sa « chorale dyslexique », entonnons avec joie en balançant des hanches. Pari réussi pour Martin : avec ses titres qui rendent l’intime universel, il a rééduqué le public de la salle Verdière qui peut alors courir les dizaines d’autres tours de chant qui l’attendent.

À la suite de Martin Luminet, c’est au tour de Kid Francescoli de réveiller La Rochelle qui, il faut bien se l’avouer, a le mood d’être sous les nuages depuis des semaines. Le Marseillais amène donc le soleil sur le port en même temps que sa pop électro hédoniste. Paillettes à foison pour les chanteuses Andréa Durand et Lys Cogui et costume à la Saturday Night Fever pour Mathieu Hocine, dès les premières boucles électro, nous voilà catapultés dans les meilleurs chill party d’Ibiza. On regrette d’être à l’étroit dans sa rangée de fauteuils tout comme d’être dans la boîte noire d’une scène nationale. On veut de la plage, des Caïpi et de l’ambre solaire. Les meilleurs titres de Lovers s’enchaînent langoureusement comme dans un rêve. Plus dur sera le réveil : dehors il a méchamment plu et le sol du port de la cité maritime est super glissant. Ibiza semble bien loin.

Qui es-tu Bonnie ?

18 heures. Tout comme Martin Luminet, Bonnie Banane est passée par le Chantier des Francos, pouponnière d’artistes francophones particulièrement prometteurs. Repérée dans le milieu du r’n’b français, difficile aujourd’hui de définir l’univers musical de Bonnie tant il brasse large : de Brigitte Fontaine à… D’Angelo. Pour ses premières Francos, Bonnie Banane interprète Sexy Planet, son fantaisiste album au r’r’b synthétique et sensuel et rend aussi un hommage à la compagne d’Areski Belkacem à travers J’ai 26 ans, une de ses chansons préférées. C’est là un des moments forts de ce tour de chant aux allures de sombre cabaret expressionniste où trône un mobile de tuyaux d’aspiration que cache un micro. Avec sa dégaine de star du muet qui groove, Bonnie s’invente un personnage (d)étonnant à brouiller les pistes. J’y ai vu tour à tour du Zouk (l’inénarrable humoriste suisse), du Mary Poppins ou du Louise Brooke. Mais de Bonnie Banane, qu’ai-je vraiment vu ?

Yelle succédait à Bonnie. D’avis de festivaliers, le groupe bien trop sous-estimé en France a littéralement retourné les Francofolies. Mais pourquoi n’en étais-je pas !!!!?

 

Visuel de Une : © Martin Luminet – Franco Juillet 2021 Dimworks

 

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Cedric Chaory

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