
Maurizio Pollini à la Philarmonie: par la grâce de Beethoven
Dans un programme exigeant consacré aux dernières sonates de Beethoven, l’immense pianiste italien a su émerveiller son auditoire. Une fois encore.
Le seul nom de Maurizio Pollini suscite autant d’attentes que d’inquiétudes chez les aficionados qui sont venus l’entendre à la Philarmonie. Attente justifiée par la longévité d’une carrière brillantissime qui a débuté il y a plus de soixante ans. Inquiétudes quant à l’âge vénérable du pianiste qui a soixante-dix-sept ans, et malgré une certaine difficulté à se déplacer, se lance avec énergie dans son programme.
Et quel programme! Avec l’énergie digne des plus grands sportifs, Maurizio Pollini s’attaque aux trois dernières sonates de Beethoven, terrain d’expérimentation où le compositeur a joué de l’art de la fugue et des variations – Bach n’est jamais loin – en filigrane. Trois œuvres tour à tour joueuses et solennelles, où l’on entend parfois les syncopes du jazz, où la voie semble s’ouvrir aux compositions à venir de Schubert, où l’architecture évoque tantôt des lignes brisées, tantôt la nef d’une cathédrale gothique.
Dans une telle osmose avec la musique qu’on l’entendait chantonner, Maurizio Pollini a attaqué la sonate n° 30 avec fougue. On a entendu aussi la force lumineuse du premier mouvement marqué vivace; le prestissimo a semblé moins net, avec des arpèges un peu erratiques, et le pianiste a déjà, ailleurs, fait chanter davantage le troisième mouvement. Pourtant, l’oeuvre est là, dans sa fulgurance.
Mais c’est avec les deux opus suivants que Maurizio Pollini a, une fois de plus, rallié et fédéré tout son public, y compris les sceptiques et les inquiets. Le pianiste, en effet, a su donner à la sonate n° 31 toute son ampleur, sa virtuosité, notamment dans le “chant plaintif” et les fugues du troisième mouvement. Avant de terminer en exposant de manière limpide, et toujours avec force, l’architecture complexe de la sonate n° 32. Emmenant avec lui toute la salle Pierre Boulez. Deux bis, de Beethoven également, dont une Bagatelle, ont fini de démontrer que l’art de Maurizio Pollini a encore de beaux jours devant lui.
Visuel © Beaucardet
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VERDIER MARIE-HELENE
CONCERT SUBLIME. J’ai écrit, pour remercier cet immense pianiste que je vais entendre depuis presque 30 ans , un humble hommage sur le site du journal Boulevard Voltaire.
J’aime tout, joué par lui et, en particulier, DEBUSSY, chasse gardée des pianistes français !
Gratitude infinie à cet immense pianiste.
MHV