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Matthias Goerne et le VFO dirigé par Hannu Lintu font chanter Brahms et danser Bruckner au Festival de Verbier

Matthias Goerne et le VFO dirigé par Hannu Lintu font chanter Brahms et danser Bruckner au Festival de Verbier

26 July 2019 | PAR Yaël Hirsch

Le chef d’orchestre finlandais Hannu Lintu a proposé avec le Verbier Festival Orchestra un programme allemand et profond, au cœur de la montagne, ce jeudi 25 juillet 2019.

La soirée a commencé par un voyage solennel que le VFO a joué très romantique : les quatre Chants sérieux de Brahms où le baryton Matthias Goerne, accompagné avec fluidité par les jeunes membres de l’orchestre, a triomphé sans discontinuer, dans une ode à la vanité de la vie et à l’importance de l’amour. Toujours égal, d’une diction éblouissante, se balançant au fil de cette musique réflexive comme au long d’un fleuve, Matthias Goerne nous a enveloppés d’une seule traite de son timbre chaud, créant une véritable intimité malgré la taille de la tente, de l’audience et l’épaisseur orageuse de la canicule en montagne. Il marquait à temps les mots les plus poignants et nous a tenus en lévitation jusqu’à l’éclaircie finale.

Après un entracte encore clair, chaud et diurne, nous avons plongé avec l’orchestre et son chef dans la matière de la 9e symphonie de Bruckner. Sa dernière œuvre, commencée en 1887, inachevée finalement jouée à Vienne en 1903 et dédiée à Dieu. Avec élégance et un regard très expressif à l’égard des jeunes musiciens qu’il a entraînés dans la musique de Bruckner, Hannu Lintu s’est montré grand pédagogue. Le VFO n’a pas toujours été égal, alliant beaucoup de beauté et des dérapages contrôlés dans chacun des quarte mouvements.

Tout commence évidemment avec les cors dans le premier mouvement « feierlich, misterioso » qui contient déjà tous les paradoxes de cette œuvres mythiques. L’exécution est attentive, même si la tension a du mal à prendre son envol.

Sans transition et avec une douceur infinie, le VFO nous emmène dans la vivacité presque gaie et volontiers champêtre du deuxième mouvement.

La fougue croît avec justesse dans le troisième mouvement et l’orchestre s’accorde avant le fameux dernier mouvement qu’il semble escalader comme une montagne : émouvant dans l’adagio, l’orchestre à du mal à donner un sens commun aux divers morceaux de ce dernier volet d’une symphonie inachevée. Le final n’est pas tout à fait réussi du côté des cuivres un peu au-delà de la mêlée mais nous avons été charmés par les vents qui ont à temps presque crée une « psychose » laissant planer d’intéressantes ombres et qui ont su dire l’espoir, aussi bien dans les larmes des échos que la joie des pizzicati.

Rendez-vous demain pour une autre journée de musique en altitude à Verbier.

Visuels : YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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