Classique
Schumann et Bruckner interprétés par l’Orchestre National de France

Schumann et Bruckner interprétés par l’Orchestre National de France

04 October 2019 | PAR Jules Bois

Mardi 1 octobre, l’Orchestre National de France, dirigé par Emmanuel Krivine, jouait le Concerto pour violon et orchestre en ré mineur de Schumann ainsi que la Symphonie n°9 en ré mineur de Bruckner à la Philharmonie de Paris.

Composé à la fin de sa vie, en 1853, suite à sa rencontre avec Joseph Joachim, le violoniste virtuose considéré comme l’un des plus grands violonistes de sa génération. Sa prestation au festival de Rhénanie de 1853 où il joua le concerto de Beethoven motiva Schumann à écrire ce Concerto. Oublié à sa mort en 1856, ce concerto ne sera créée qu’en 1938 par Georg Kulenkampff, le soliste « aryen » choisi comme tel après que les solistes Jelly d’Aranyi et Yehudi Menuhin aient été écartés par le pouvoir nazi, refusant que des Juifs créent ce concerto.
Le soliste de cette soirée était le charismatique et extraverti Renaud Capuçon, brillant violoniste, dont l’attribution en tant que premier violon au Gustav Malher Jugendorchester en 1998 lui permet d’apprendre des plus grands chefs d’orchestres comme Pierre Boulez ou Daniel Barenboim.
Du concerto sourde une beauté poignante, magnifiquement portée par Renaud Capuçon. Ses amples mouvements, presque dansants témoignaient de l’envoûtement qu’exerçait sur lui et sur l’auditoire l’harmonie du concerto. Le dialogue du Lebhaft en troisième partie entre le violon et le violoncelle était particulièrement intéressant, tirant à plusieurs reprises le violon d’un désespoir grandissant pour l’amener vers un entrain plus lumineux et confiant. Les palpitantes émotions de la pièce ont été interprétées à merveille par l’orchestre.

La dernière symphonie d’Anton Bruckner, composée à partir de 1891 et restée inachevée, était en seconde partie. Son état physique ne lui permit pas de terminer son quatrième mouvement. Fervent chrétien, il dédia cette dernière symphonie « à Dieu », dont la quatrième partie devait être le Te Deum. La puissance symphonique qui se dégage de cette pièce nous offre le constat de la supériorité musicale sur nos émotions. Le chant symphonique est trop fort pour se laisser appréhender dans son entièreté, lorsque celui-ci s’emporte. Des moments d’une fulgurance inouïe viennent euphoriser la pièce, parfois ponctuée d’une esthétique trop copieuse au développement tout en longueur, même en dehors de l’Adagio. Héroïsme, fureur et enthousiasme caractérisent ces thèmes. Cette fulgurance est en partie due à Emmanuel Krivine, dont la force en tant que chef d’orchestre se ressent pleinement dans sa direction.

Le bouillonnement d’émotions vécues à l’écoute de ces deux pièces laisse quelque peu pantois mais repu, et surtout satisfait de l’interprétation par l’Orchestre National de France.

Crédit : © DR A.F

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Jules Bois

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