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Martha Argerich et Mischa Maisky : Un duo magique à la Philharmonie de Paris

Martha Argerich et Mischa Maisky : Un duo magique à la Philharmonie de Paris

07 February 2020 | PAR Jean-Marie Chamouard

Le 4 février 2020, à la Philharmonie de Paris Martha Argerich et Mischa Maisky interprètent trois œuvres pour piano et violoncelle : la sonate n°2 en fa majeur de Johannes Brahms, la Fantaisie opus 73 de Robert Schumann et la sonate opus 40 de Dmitri Chostakovitch.

La grande salle Pierre Boulez était comble pour accueillir les deux artistes. La pianiste Martha Argerich est née à Buenos Aires le 5 Juin 1941. Enfant prodige, elle est devenue célèbre en 1965 après avoir remporté le concours international de piano Frédéric Chopin à Varsovie. Elle mène depuis une carrière internationale et se consacre volontiers à la musique de chambre. Le violoncelliste Mischa Maisky est né à Riga le 10 01 1048. Il a été l’élève de Mstislav Rostropovitch. Il émigre en Israël en 1973 et débute alors une carrière dans le monde entier. Son amitié et sa collaboration musicale avec Martha Argerich remontent à 1973.

La sonate pour piano et violoncelle n°2 de Johannes Brahms (1833-1897) a été composée en 1886 au bord du lac de Thun en Suisse et créée la même année, à Vienne, avec Brahms lui-même au piano. Cette sonate en quatre mouvements est considérée maintenant comme une œuvre majeure du répertoire pour piano et violoncelle du 19eme siècle. Dans le premier mouvement le violoncelle expose le thème principal très mélodique, très romantique. Puis le dialogue s’instaure avec le piano. La musique procure un sentiment de plénitude. Elle est contrastée, les moments de grande douceur alternant avec les moments fortissimo et rythmés. L’adagio affectuoso est de toute beauté. Le chant du violoncelle est très émouvant, la symbiose avec le piano parfaite. Les deux derniers mouvements, Allegro passionato et Allégro molto sont rapides, énergiques, avec des rythmes souvent syncopés. Ils révèlent toute la virtuosité des deux interprètes.

La fantaisie op 73 a été écrite, en deux jours, début 1848, par Robert Schumann (1810-1856) alors dans une période de grande créativité artistique. Elle a été initialement composée pour piano et clarinette. Le terme de fantaisie exprime l’idée romantique d’une libre création artistique, au gré des humeurs changeantes du compositeur. « Tendre et avec expression », le premier mouvement est rempli d’une douce mélancolie. Il met en valeur la délicatesse et la finesse du jeu du piano et du violoncelle. Après la ballade plutôt joyeuse du deuxième mouvement, le troisième évoque le feu. La musique est fougueuse nécessitant une grande virtuosité .Elle s’accélère dans un tourbillon endiablé vers une fin vertigineuse.

Dmitri Chostakovitch (1906-1975) a 28 ans lorsqu’il compose en 1934 sa sonate pour piano et violoncelle opus 40. Son expérience de compositeur est déjà importante mais cette sonate est sa première œuvre importante de musique de chambre. C’est une musique très inventive, très variée, qui par son lyrisme se rattache à Tchaïkovski et Rachmaninov. Le premier mouvement, allégro non troppo est une méditation un peu triste. Le chant du violoncelle invite au recueillement, à l’intimité mais la musique est aussi contrastée, traduisant les différents états d’âme du compositeur récemment séparé de sa femme. Le deuxième mouvement est d’un tout autre style, danse populaire, entrainante, qui évoque une fête villageoise. La musique est spectaculaire, l’énergie et la virtuosité des deux interprètes impressionnantes. Le troisième mouvement est un chant d’amour confié principalement au violoncelle, longue plainte, émouvante, désespérée. Puis le récit du violoncelle se fait passionné. Les accords graves du piano rendent l’atmosphère sombre, tragique avant que les notes ne s’éloignent comme dans un murmure. La sonate se termine par un allégro joyeux rempli de doubles croches légères.

Puissance et retenue, expressivité et virtuosité, Martha Argerich et Mischa Maisky ont enchanté ce récital pour piano et violoncelle qui s’est terminé par une ovation du public et par trois bis successifs !

visuel : (c) Nora Houguenade, 2018

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Jean-Marie Chamouard

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