Classique
L’âme russe de Jean-Philippe Collard

L’âme russe de Jean-Philippe Collard

12 December 2018 | PAR Victoria Okada

Jean-Philippe Collard vient de publier un disque dans lequel il fait une plongée dans l’âme russe : Six Moments musicaux op. 16 de Rachmaninov et les Tableau d’une exposition de Moussorgski.

Rachmaninov frontal

C’est un piano orchestral qui séduit aussi bien les interprètes que les mélomanes. Et Jean-Philippe Collard affirme revenir toujours à Rachmaninov à cause de sa manière de faire sonner le piano, qu’il aurait aimé voir Rachmaninov jouer et entendre la puissance de son jeu. Indéniablement, il a une image très précise de cette pleine sonorité qui remplit tout l’espace, et de cette puissance musclée, voire violente. Compositeur précoce, Rachmaninov n’avait que 23 ans lorsqu’il a composé ces moments musicaux, œuvres qui expriment toutefois la profondeur de l’âme humaine : la sérénité et l’angoisse, la douceur et la fureur. Jean-Philippe Collard saisit chaque note de la partition de face, telle une lutte frontale, parfois comme pour arracher quelque chose, mais à d’autres moments, au contraire, pour caresser un souvenir. Il déclare à ce propos : « Il faut bien savoir ce que l’on garde dans sa tête et ce que l’on met dans ses doigts », avant de citer le chef d’orchestre Roberto Benzi : « Pour bien jouer Rachmaninov, il faut savoir jouer toutes les notes mais surtout ne pas toutes les jouer ! »

Les Tableaux d’une exposition aux mille couleurs

Ce côté frontal, Jean-Philippe Collard continue à garder dans les Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Ici, il ne s’attache pas à mettre en valeur toute la virtuosité — ô combien redoutable, et ô combien il en est capable ! — mais à multiplier les couleurs, en suivant le chemin « presque déjà tracé » (dixit le pianiste) de l’image présente dans la musique. À travers le son souvent massif et qui transmet une certaine pesanteur, et ce, même dans des pièces légères comme « Ballet des poussins dans leur coquille », notre pianiste nous emmène dans une Russie vaste et terrienne, attachée à la ruralité et à la paysannerie. À ce caractère presque sauvage qu’il assume et qu’il a déjà montré dans son enregistrement précédent des Préludes de Chopin, il apporte une touche d’élégance, cette élégance dont il a toujours fait preuve dans toute son interprétation.

Voilà un disque qui peut être considéré comme condensé de son art.

Jean-Philippe Collard est en récital à la Salle Gaveau le 13 décembre à 20h30 avec ce même programme Rachmaninov/Moussorgski, complété par Dumka de Tchaïkovski.

1 CD La Dolce Volta, LDV45, 65’13

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Victoria Okada

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