Fiesta barroca à l’auditorium de Radio France : un voyage musical qui réchauffe
A la tête de la Capella Mediterranea, Leonardo García Alarcón a percé l’hiver parisien avec des airs baroques d’Amérique du Sud.
On s’attendait à un concert baroque semblable à beaucoup d’autres—sage, érudit, pas sans passion mais pas sans retenue. Or, dès son entrée, Leonardo García Alarcón abolit cette distance en s’adressant directement au public. Avec un sourire solaire et dans un français impeccable, il parle simplement du concert à venir. En insistant sur la notion de partage. Partage, pour lui, de la culture sud-américaine. Partage, pour les enfants de la Maîtrise de Radio France, de leur travail. Partage enfin pour le public, partie prenante de la fiesta.
Car c’est bien à une fête que le chef suisse-argentin conviait les spectateurs. Après l’entrée des jeunes chanteurs, accompagnés des musiciens, la fraîcheur de leur présence a d’emblée déplacé l’écoute vers une émotion, une joie, plus spontanées.
Le programme faisait se succéder des pièces de baroque espagnol et des chansons traditionnelles péruviennes de la même époque. L’idée n’étant pas ici de surligner le contraste entre musiques populaire et savante, mais d’embrasser les deux dans un meme élan. C’est ainsi qu’à l’orchestre, une guitare baroque côtoie des percussions amérindiennes, ou que le contrebassiste utilise le bois de son instrument comme un tam-tam. Le résultat est confondant de grâce, de beauté, d’énergie. Difficile de ne pas se laisser emporter, quand on voit le chef danser, debout devant son épinette.
Dansant elle aussi, et chantant avec les enfants, la soprano Jaia Niborski a su communiquer les émotions de cette musique, airs religieux, chansons d’amour, ou mélodies à danser. Les jeunes chanteurs ont de leur côté apporté une grande bouffée d’air chaud et vivifiant, plus que bienvenu par les temps qui courent.
Incité à chanter le refrain d’une des chansons en tapant des mains, le public a suivi. Conquis. Et décidément réchauffé par cette magnifique fiesta du partage.
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©Radio France/Christophe Abramowitz