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Festival de Saintes 2 : les voix

Festival de Saintes 2 : les voix

28 July 2018 | PAR Victoria Okada

Depuis la création du Festival de Saintes, les murs de l’abbatiale ont toujours résonné de beaux chants, à commencer par les cantates et les messes de Bach. La tradition perdure et les festivaliers en ont l’embarras du choix ! Le 20 et 21 juillet, ils pouvaient ainsi assister à cinq concerts de chant : opéra, solo et chœur…


Destouches et Haendel

Notre week-end lyrique est marqué par la recréation d’Issé d’André-Cardinal Destouches (1672-1749). Mousquetaire du roi avant de s’engager dans la voie musicale, le compositeur écrit cette « pastorale héroïque » (style d’opéra français qui mêle des scènes tragiques et comiques) à 25 ans. Il fait représenter son œuvre devant Louis XIV qui apprécie. Deux couples, le « sérieux » Issé / Apollon (déguisé en berger Philémon) et le « comique » Doris / Pan évoluent au cours de cinq actes précédés d’un prologue (modèle de la Tragédie lyrique instauré par Lully). L’œuvre constitue un maillon essentiel entre Lully et Rameau, avec de très belles pages orchestrales. Une telle découverte ne va jamais sans la qualité de l’interprétation. La belle diction des chanteurs et la noblesse de l’interprétation instrumentale rendent ainsi l’opéra plaisant dès les premières mesures, même si le vaste espace de l’abbatiale semble obliger les chanteurs à pousser l’émission vocale au-delà du nécessaire. Louis-Noël Bestion de Camboulas dirige l’ensemble d’une trentaine de chanteurs et de musiciens avec grande clarté et recueille un grand succès. L’opéra sera représenté au Festival baroque de Pontoise (12 octobre) et à l’Opéra de Versailles (13 octobre).

Après Issé, la soprano Deborah Cachet, pourtant souffrante, tient sa prestation dans un programme consacré à Haendel légèrement modifié. Son chant est délicat, sa voix pure, et le dosage vocal adapté à sa condition physique de ce soir-là est si bien géré qu’on oublie qu’elle n’est pas au meilleur de sa capacité. Une Sonate en trio, des Suites pour clavecin, et une Sonate pour violon de Corelli complètent le programme que partagent équitablement la chanteuse et les cinq instrumentistes de L’Achéron, à commencer par le violiste François Joubert-Caillet.


Bach et… Wagner !

Le samedi 21 juillet, le dernier jour du Festival, commence par deux séances du chœur d’enfants et d’adolescents ayant participé au stage « Ma semaine (en) chanté ». Traditionnels, classiques, baroques et contemporains… Les apprentis chantent fièrement et joyeusement un programme varié dans différentes langues devant leurs parents et leurs amis qui sont tout aussi fiers que les futures stars de scènes lyriques !

Pour l’avant-dernier concert du Festival, Vox Luminis et Lionel Meunier proposent deux Messes brèves de Johann Sebastian Bach, en la majeur BWV 234 et en sol majeur BWV 236, dans une interprétation céleste où règne une grande puissance tout en étant subtil. Pour créer un tel ensemble homogène, il n’y a aucun secret : les douze chanteurs solistes sont à l’écoute très attentive l’un de l’autre ainsi que des instruments, pour s’ajuster mutuellement et en permanence dans cette entité organique faite de notes et d’harmonies qu’est la musique. Chacun de leurs concerts évoque indéniablement cela, ce qui est plutôt rare…

La clôture de l’édition 2018 du Festival de Sainte est une ouverture vers l’avenir. L’avenir, d’abord car c’est Wagner (Wesendonck-Lieder avec la divine Kelly God) et Bruckner (Symphonie n° 4 « Romantique ») et aussi parce que Philippe Herreweghe et l’Orchestre des Champs-Elysées s’ouvrent de plus en plus à un répertoire tardif. L’interprétation, magistrale, résonne pleinement sous les toits de l’Abbatiale, dont l’acoustique est curieusement meilleure quant il s’agit d’œuvres pour un grand orchestre. Le chef donne des caractères vivants à chaque mouvement en tirant de l’orchestre des couleurs ouvertes et chatoyantes propres aux instruments d’époque.

La 48e édition se tiendra du 12 au 20 juillet 2019.

Photos © Sébastien Laval

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