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Festival de Pâques Aix en Provence : Wagner et Brahms contenus sous la direction de Daniele Gatti

Festival de Pâques Aix en Provence : Wagner et Brahms contenus sous la direction de Daniele Gatti

15 April 2023 | PAR Hannah Starman

Ce 12 avril, devant la salle presque comble du Grand Théâtre de Provence, l’Orchestra Mozart sous la direction de Daniele Gatti interprète un beau programme plein de promesse : le poème symphonique Sigfried Idyll de Richard Wagner et deux œuvres de Brahms – les Variations sur un thème de Haydn et la Symphonie N°4. L’intriguant pari de réunir deux géants du romantisme allemand, longtemps considérés comme essentiellement antagonistes, aurait profité d’une lecture plus contrastée et plus affirmée que celle proposée par le nouveau directeur musical de la prestigieuse Staatskapelle de Dresde.

L’Idylle de Siegfried, op. 56 de Richard Wagner

L’Idylle de Tribschen avec chant d’oiseau de Fidi et lever de soleil orange connue comme l’Idylle de Siegfriedcompte parmi les plus belles et les plus tendres compositions de Richard Wagner. L’année 1869-1870 est une année heureuse pour le compositeur. Le 25 août 1870, il épouse finalement la mère de ses trois enfants, Cosima von Bülow, qui obtient le divorce du chef d’orchestre Hans von Bülow en juillet 1870. Leur fils, Siegfried Wagner, naît en juin 1869. Richard Wagner compose l’Idylle de Siegfried en secret et la présente à son épouse pour son trente-troisième anniversaire. L’œuvre sera jouée en petit comité, composé de la famille et de quelques amis de Wagner, parmi lesquelles Friedrich Nietzsche, dans la villa des Wagner à Tribschen, près de Luzerne en Suisse. Richard Wagner, installé en haut du perron, dirigera treize musiciens de l’Orchestre de Tonhalle Zurich qui réveilleront Cosima avec ce ravissant hommage symphonique d’anniversaire le 25 décembre 1870 à 7h30. Pendant plusieurs années, la composition restera la propriété du couple, mais Wagner décide de vendre la partition en 1878 et, pour la rendre plus commercialisable, il étend l’orchestration à 35 musiciens.

Daniele Gatti optera pour une interprétation très tamisée et pastorale de l’Idylle. Avec son geste élégant et souple et dirigeant le très beau Orchestra Mozart sans partition, le chef d’orchestre italien aplatira les contrastes sans faire ressortir les nuances qui permettraient de distinguer les différents pupitres et apprécier à sa juste valeur le caractère aussi intimiste qu’héroïque de l’Idylle. La brève séquence de la trompette pleine d’esprit n’arrivera pas à injecter du dynamisme à cette interprétation dont on regrette également l’absence de sensualité lyrique, qui caractérise pourtant cette ardente déclaration d’amour toute wagnérienne.  

Variations sur un thème de Haydn de Johannes Brahms

Variations sur un thème de Haydn est la première œuvre symphonique de Brahms. Composée en été 1873 à Tutzing en Bavière et créée le 2 novembre de la même année par l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction du compositeur, l’œuvre est constituée d’un thème (l’extrait du choral Saint-Antoine de de la Feldpartie en si bémol majeur de Joseph Hayden), de huit variations et d’un finale. Les Variations sur un thème de Haydn sous la direction de Daniele Gatti offrent de délicats passages d’une beauté exquise, mais on reste un peu sur notre faim dans les variations plus vives. Le finale, qui est une splendide passacaille, sera plus énergique, les pupitres des cuivres et des percussions seront superbes, mais l’impression globale sera celle d’une exécution (trop) sobre, comme si l’envie manquait de mettre un coup d’éclat à cette œuvre pourtant magnifique de Brahms.

Symphonie N°4 en mi mineur, op. 98 de Johannes Brahms

Créée le 25 octobre 1885 à Meiningen, en Allemagne, sous la direction de Brahms, la Quatrième Symphonie, la « triste symphonie » est la dernière symphonie du dernier représentant du romantisme allemand. Monumentale, classique, romantique, la Quatrième prend vite l’allure d’une valse mélancolique, renforcée par les échos renvoyés par les bois aux violons.  Si les premières mesures créent une ambiance tamisée, pleine d’effusion et de tristesse, l’intervention des vents offrent un contraste saisissant et créent la dynamique du mouvement qui se termine par un coda reprenant le premier thème. Le son ample et riche de l’Orchestra Mozart est sculpté par Gatti de manière bien différenciée, notamment dans les passages lents et ondulants.  L’atmosphère, portée par les cors, puis les bassons et hautbois et enfin, les flûtes, est encore plus sereine dans le deuxième mouvement, empreint de profondeur, de poésie et de sobriété. En revanche, le scherzo qui suit est, certes, exécuté avec clarté, mais il manque quelque peu d’énergie et d’exubérance. Le dernier mouvement, une passacaille titanesque aux allures sombres et tragiques, reprend de nouveau le thème de la cantate Nach dir, Herr verlanget mich BWV 150 de Johann Sebastian Bach, déclinée inlassablement tout au long du mouvement, une trentaine de variations en tout.

Dans l’ensemble, l’Orchestre Mozart sous la baguette de Daniele Gatti nous a livré une performance solide et tempérée mais manquant d’exaltation qui nous a transportés au cours de concerts précédents dans le cadre du Festival de Pâques Aix en Provence. 

Visuels : © CARO

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Hannah Starman

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