
Deux symphonies « fantastiques » pour l’Orchestre Philharmonique d’Israël et Zubin Mehta à la Philharmonie de Paris
Alors que Zubin Mehta et le Philharmonique d’Israël sont à Paris pour deux soirs, c’est avec non pas une mais deux symphonies qu’ils ont séduit leur public, ce lundi 9 septembre : avec la Symphonie Concertante de Haydn et en cette année anniversaire, la Symphonie fantastique de Berlioz.
Offrant une pièce non annoncée en hors d’œuvre, le concertillo composé en 1932 par un membre de l’OPI et maître de certains de ses musiciens actuel, Mehta nous a permis de découvrir une œuvre pour cordes à la fois pleine de lyrisme et de tension. Une machine infernale de 9 minutes mais qui valse et nous emporte.
C’est un tout autre type d’énergie que déploient les 4 solistes et l’orchestre pour la Symphonie Concertante de Haydn, morceau de bravoure éclatant en trois mouvements. L’orchestre commence dans l’allegro suivi par le hautbois (Christopher Bouwman), le basson (Daniel Mazaki), le violon (David Radzynski) et le violoncelle (Emmanuele Silveri), dans une virevolte très maîtrisée qui atterrit en douceur. Les solistes croisent les duos dans l’andante subtil qui nous offre un véritable festin de cordes où le violoncelle se réchauffe et le violon se montre virtuose. Enfin, le hautbois règne sur l’allegro con spirito final qui ménage son suspense jusqu’à bout.
Après l’entracte, la taille de l’orchestre triple presque pour la fameuse Symphonie fantastique de Berlioz (1830) que l’OPI fait, à temps, résonner comme une valse viennoise, et qu’il maîtrise avec une fermeté qui a mis le public de la Philharmonie debout. Le rêve solennel du commencement offre déjà toute les couleurs de cette équipée fantastiques et toute sa capacité de varier rythmes et intention. Le rythme s’intensifie dans le bal qui valse, dirigé par les lyres et qui avance comme une valse lente et mélancolique. Champêtre autant que complexe, le troisième mouvement est mené par les bois et cuivres dans une nature romantique qui devient peu à peu menaçante. Arrive enfin la mythique Marche au supplice que l’orchestre mesure, et jauge, et tient, des cymbales aux cloches fatidiques en passant par les roulements de tambours de l’angoisse pure. Le songe final est plus viennois que symboliste, avec un souffle légendaire et un suspense également parfaitement maintenu.
Le public ovationne Zubin Mehta qui offre généreusement un bis de Strauss rappelant ses études à Vienne dans les années 1950. On bat la polka des mains, on rit de voir les trombones se lever et l’on sort de la Philharmonie exultant d’y avoir vu et entendu pour la première fois de son histoire un chef et son orchestre qui font équipage depuis plus de 50 ans (1961).
Demain mardi 10 septembre, ne les manquez pour rien au monde dans la Symphonie 3 de Schubert, la 6 de Beethoven et la valse de Ravel.
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