
Andras Schiff et Renaud Capuçon : Duo magique au Verbier Festival
Dernier jour de musique à la Montagne pour Toute La Culture. Avant de prendre la route, nous avons tout de même pu assister à l’événement de la matinée : le concert donné par le duo Renaud Capuçon et András Schiff à l’Eglise. Un grand moment dont nous nous souviendrons longtemps.
Sous une pluie battante, l’Eglise faisait salle comble ce dimanche matin pour le duo exceptionnel formé par le violoniste Renaud Capuçon et le pianiste András Schiff. Les musiciens ont commencé par la Sonate de Debussy (1917) qu’ils ont exécutée avec complicité et maîtrise. Dans le premier mouvement, le ton est clair et puissant. Les deux solistes sont dans un dialogue et un équilibre qui atteignent la perfection. Superbement lyriques dans le deuxième mouvement, les deux musiciens nous proposent un finale virtuose et solaire. Dans la Sonate n°2 en ré mineur de Schumann (1853), Schiff laisse de côté ses lunettes et Capuçon plisse les yeux : plus besoin de partition pour cette communion romantique qu’ils nous proposent. Solennels dans les premières notes lentes, ils nous font littéralement décoller dans le deuxième mouvement. Les pizzicati du troisième mouvement ajoutent encore en intensité et la puissance émotionnelle du dernier mouvement est un déferlement.
Après un entracte recueilli, le morceau de bravoure était aussi la pièce finale : la mythique Sonate de César Franck (1886). Pour la plupart d’entre nous, c’est probablement l’une des plus belles interprétations live possibles aujourd’hui de cette œuvre : le piano puissant et profond de Schiff ancre la musique de Franck tandis que la ligne pure du violoniste français tire l’œuvre vers la clarté et l’ouvert. Une douceur infinie de dégage des premières notes et les instruments semblent creuser ensemble un sillon par leurs dialogue qui grimpe, se lamente, écume de tendresse dans le deuxième mouvement, qui culmine d’intensité au troisième mouvement et nous emporte littéralement dans un final où le public retient son souffle jusqu’à la dernière note. En bis généreux, le duo complice donne le mouvement lent d’une sonate de Mozart.
En sortant de l’Eglise, nous ne sentons plus les gouttes de pluie, tellement le duo du matin nous a ravis vers un ailleurs lumineux. Nous quittons Verbier alors que le Festival, ses masterclass et ses académies se poursuivent jusqu’au 3 août.
Visuel : YH