Transmusicales : le tour du monde en 80 notes
Le crachin et les contraintes sanitaires n’entament pas l’enthousiasme roboratif des 43e Transmusicales. Vendredi, le parc des expositions a retrouvé ses habits de fête éclectique avec un circuit sonore toujours riche et dépaysant.
Le hall 3, excentré, demeure un écrin précieux pour les découvertes. Le groupe espagnol Maruja Limon y a crée la sensation, avec un dépoussiérage des codes de la culture flamenco. Une énergie souriante très communicative. Plus introspectif, le phénomène Wu-Lu a montré son incarnation caméléon sur scène avec style et recherche.
Dans le hall 8, l’Afrique s’invitait de bien belle manière avec le Star Feminine Band, collectif permettant au public arrivé tôt de rentrer dans une danse irrésistible et irréprochable dans sa progression. Faisant le lien tout de suite avec la salle. Même réussite dans un style bien différent pour le duo très énervé Bob Vylan, impressionnant de présence et de charisme pour une heure très politique, comme on sait le faire outre-Manche. Dans un registre aussi physique et communicatif, le Turque Lalalar aura également marqué les oreilles et les esprits.
Côté dancefloor, la Greenroom se transformait en bulle des BPM, avec notamment le set très breaké de la locale Zazu et des rythmes allant jusqu’à la jungle pour le Mauricien Greg.
Le défi d’un dj est d’ailleurs souvent de pouvoir occuper une vaste scène. Dans l’immense hall 9, c’est peu dire que la house du Turque Aleksandir a rempli sa difficile mission. Un voyage riche, profond et sensible, avant la sensation Scarr, projet du Normand Dan Lévy (The Do, révélation à l’époque aux Trans), synthèse pop-electro avec un parti pris vocal modifié qui peut irriter mais s’avère logique. A travers par exemple le puissant “I had to leave”. La trajectoire ne faiblissant pas avec Priya Ragu qui demeurera un grand moment de cette édition. Si elle coche toutes les cases du r’n’b, la Suissesse originaire du Sri Lanka en évite les clichés, au profit de titres percutants, émouvants et efficacement entêtants. Qui ne vous quittent plus.
La fièvre du samedi soir ne manque pas d’atouts, jusqu’à la clôture avec Arnaud Rebotini et notamment le live de Pone, Anti Paalanen et Batida.
À ne pas rater, l’exposition photos retraçant le passage d’artistes au féminin, entre Bjork, Catherine Ringer ou Ebony Bones par exemple…
Rodolphe Peté
www.lestrans.com