
“Soupe de Cheval” de Vladimir Sorokine : une fable cruelle
Auteur russe salué comme un des plus brillants de sa génération, Vladimir Sorokine nous revient avec une fable étrange, où la réalité décapante pointe derrière les rites les plus cruels.
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Parmi les épithètes récurrents associés à l’écriture de Sorokine, ceux qui ont trait à la cruauté sont légion. L’écriture est vive, nerveuse, efficace. La détermination de l’auteur perce à chaque instant derrière l’efficacité percutante de son style. Pas de scories, ce qui n’empêche pourtant pas le récit d’emprunter les méandres malades de l’imaginaire slave.
Entre Bourmistrov et Olia, ce qui pourrait n’être qu’un jeu voyeuriste dévoile peu à peu sa teneur macabre, dont l’issue pourrait bien être fatale.
“Elle détourna ses yeux déments de l’oeuf Le kiwi qui était posé à côté s’était gonflé comme un pavé lourd recouvert de suédine ; la tranche de pain grillé lui sautait aux yeux comme une plaque funéraire. Olia lâcha sa cuiller et agrippa son visage dans ses mains.” p. 74
Soupe de cheval, Vladimir Sorokine, traduit du russe par Bernard Kreise, Eds. de l’Olivier, 109 p., 13,50 €, paru le 1er octobre 2015.