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[Interview] Geoffroy de Boismenu “Quand j’ai photographié Biggie, il n’avait pas encore sorti son 1er album”

[Interview] Geoffroy de Boismenu “Quand j’ai photographié Biggie, il n’avait pas encore sorti son 1er album”

21 October 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Du 12 au 28 novembre, la Galerie Art Ligue invite sous le commissariat de l’agence créative Les Garçons Sauvages et avec la participation du studio graphique Mynameis, Constant Elevation ( du nom d’un titre du groupe de rap Gravediggaz) une exposition du photographe Geoffroy de Boismenu. Rencontre avec l’homme qui a fait de la culture hip hop une oeuvre graphique.

Racontez-moi comment vous avez pu accéder à ces monuments de la culture Hip Hop que sont Biggie, Public Enemy… J’ajouterai : est-ce qu’au moment où vous les prenez en photo ce sont déjà des stars ?

Je suis arrivé à NYC en 1992 et j’ai collaboré immédiatement avec le magazine Hip hop Vibe qui en était à son 2ème ou 3ème numéro. PE était déjà énorme à cette époque-là mais, au début 1994, quand j’ai photographié Biggie, il n’avait pas encore sorti son 1er album. Il était donc inconnu du grand public mais était déjà produit depuis belle lurette par Puff Daddy et ses K7 circulaient partout.

Quelle relation avez-vous au Hip Hop ? (vous en écoutiez, vous y avez accédé par la photo ?)
J’ai acheté Rapper’s Delight quand c’est sorti voilà 35 ans et l’ai écouté en boucle. Je l’écoute toujours avec plaisir. En revanche, je n’ai jamais grafé de trains, je le regrette.
Quand je suis arrivé à NYC, le son new yorkais était en train d’exploser. Je n’ai écouté presque que ça jusqu’en 98 ou 99. Après, le son a évolué, il est devenu plus propre, plus produit, Jay Z et compagnie. Je me suis remis à écouter d’autres trucs. En fait, il a fallu allez chercher dans l’underground un son hip hop qui me plaisait. Et pas forcément new yorkais.

Qu’allez-vous exposer ? Je crois savoir que ce sont des photos blessées ?
J’expose une sélection de quelques artistes de cette période, des photos qui, pour certaines, sont devenues iconiques. Le hasard a fait qu’une partie de mes archives ont été inondées et que les négatifs et planches contact des Gravediggaz soient parmi celles qui ont le plus morflé. Ça ne pouvait pas mieux tomber. Le reste de ce que je montre est en bon état.

En parlant de blessure, revoir Biggie, mort en 1997 est troublant tellement il est imposant, pouvez-vous me raconter l’histoire de cette photo en particulier ?
J’ai shooté Biggie début 94 pour le magazine Spin qui est en fait un magazine de rock. Ça n’était pas un gros sujet puisqu’une seule page en début de magazine lui était consacrée.
J’ai retrouvé Biggie chez lui, dans son petit appartement miteux de Bed Stuy. Il était seul et nous avons pris un thé en attendant son posse. En fait, deux pauvres mecs un peu loose. Comme ils n’arrivaient pas, on a décidé de monter sur le toit de son immeuble pour faire les photos. Il s’est allumé un blunt et j’ai gaffé un bout de papier blanc sur un mur. Clic clic. Des lascars, sur le toit d’à côté, tiraient au pistolet contre un mur. J’ai shooté 3 rouleaux et nous sommes redescendus. Ses deux potes attendaient devant la porte. Je suis rentré à Manhattan en métro. Pas d’assistant, pas de groomer, pas de styliste, pas d’attaché de presse. À l’ancienne ! Une époque merveilleuse.
Son album est sorti peu de temps après et a défoncé copieusement tous les charts. Je l’ai shooté une autre fois pour le magazine Details. Cette fois, il est venu me chercher dans une grosse limo. Il était devenu multimillionnaire.

Concernant l’exposition même, comment travaillez-vous le commissariat ?

Barbara Chwast de la galerie Art Ligue, nous invite, c’est la maîtresse de maison. Je dis ´nous’ car on est une ribambelle à s’investir dans cette exposition.  Les Garçons Sauvages (Lionel Vivier et Stéphane Ibars) , le studio mynameis ont imaginé le projet.
Il est prévu qu’il y ait du bon son, des murs porteurs, du cognac, des t-shirts, Smif-N-Wessun et Mr Wallace himself.

Visuel : Mynameis

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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