Livres

Sorokine livre un portrait cruel de la Russie à l’aube de 2029

24 February 2011 | PAR Yaël Hirsch

Le brillant auteur iconoclaste Vladimir Sorokine (“La Glace” (2005), “Journée d’un opritchnik”(2008) et “La voie de Bro” (2010)) s’attache dans son nouveau roman, “Le Kremlin en sucre” à dresser un portrait saisissant de Moscou en 2028. Un long conte cruel où tous les heurts et travers du pays depuis la fin du XIXe siècle semblent rassemblés. Sortie le 3 mars 2011 aux éditions de l’Olivier.

Le jour de Noël 2028, les enfants arpentent les rues de Moscou pour recevoir leur cadeau : un Kremlin en sucre soluble, qui représente le nouvel État. Toujours aussi fort, digne héritier des gouvernements de Nicolas 1er et de Staline, cet État demeure policier et la surveillance est encore renforcée par de nouvelles technologies qui côtoient une misère semblable à celle de la grande famine de 1932-1933, après épuisement des réserves de gaz et de pétrole. Des plus modestes foyers aux prisons où l’on torture, si la culture russe s’est imprégnée de beaucoup de produits Chinois,  rien n’a vraiment changé quant à la manière de faire de la politique. Sorokine ballade son lecteur des foyers les plus modestes aux cellules de torture des prisons nationales pour montrer avec conviction comment la surveillance permanente pervertit même les esprits les plus jeunes.

Vladimir Sorokine, “Le Kremlin en sucre”, trad. Bernard Kreise, L’Olivier,255 p., 22 euros, sortie le 3 mars 2011.

Jusqu’à 13h45, Sévastianov travailla dans son bureau pour mettre de l’ordre dans la déposition de Smirnov et orienter l’enquête vers les individus qu’il avait nommés. Comme toujours, tous ceux que le prévenu en cristal avait désignés étaient loin d’avoir un lien direct avec la réalité du dossier concernant la diffusion d’une sédition. Sévastianov n’ouvrit un dossier que pour six d’entre eux. Cela étant, ces derniers, à savoir Monakhov, Klopine, Yanko, les époux Anna et Boris Tesler étaient de vrais ennemis et pas seulement de ces ‘friandises’ que certains jeunes enquêteurs, du genre bigrement fougueux, avaient appris ces derniers temps à confectionner de toutes pièces. le capitaine Sévastianov n’avait guère de considération pour ce genre de tâcherons.” p. 68.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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