
Marcher de Tomas Espedal: un hymne poétique à la liberté
Tomas Espedal, auteur norvégien né en 1961 a écrit son roman Marcher (ou l’art de mener une vie déréglée et poétique) en 2006. Auteur d’une dizaine de romans, c’est en 2012 qu’il est traduit en français pour la première fois par les éditions Actes Sud. L’occasion pour nous de découvrir un des auteurs les plus talentueux de la littérature nordique.
Véritable roman initiatique, Marcher, nous entraine sur les traces de Tomas, écrivain, qui décide un jour de sortir de chez lui pour marcher, loin, sans s’arrêter, histoire de voir où le vent le mène. Quittant sa femme sans cérémonie, il part. Rejetant une vie sédentaire qui ne lui convient pas, il refuse de vivre dans une maison, triste symbole pour lui d’une vie trop propre qui emprisonne la pensée et anéantie toute réflexion. Payer des traites, choisir des meubles, construire une cloison…voilà ce que Tomas ne peut plus envisager. Souhaitant renouer avec l’art du vagabondage, il prend la route, comme une nécessité absolue, pour se retrouver lui-même.
Mais la marche est un art difficile. Après plusieurs échecs et un apprentissage douloureux, Tomas marchera de la Norvège à l’Europe puis d’Istanbul à la Transylvanie. Des sentiers isolés aux villes étouffantes comme Paris, il découvre la solitude du promeneur. Citant de nombreux écrivains et philosophes tout au long de son roman, comme des jalons posés sur la route du novice, l’auteur s’interroge sur le rapport entre la marche et le vagabondage de la pensée, sur cet amour de la marche qu’avaient Socrate, Kant, Rousseau, Rimbaud, Walt Whitman ou encore Thomas Bernhard.
Comme un éloge de la lenteur, Marcher nous pousse inévitablement hors des murs, dans un élan irrépressible de prendre la route. Avec une écriture ciselée et soucieuse du détail, Tomas Espedal nous plonge dans une quête des plaisirs simples : marcher, penser, être. Un récit contemplatif qui nous donne furieusement envie d’ouvrir la porte et d’y aller, sans feuille de route et avec pour seule ambition l’espoir de se découvrir soi-même.
Marcher, ou l’art de mener une vie déréglée et poétique a été nominé pour le Grand Prix de littérature du Conseil nordique et consacre Tomas Espedal comme une des figures majeures de la littérature norvégienne.
Marcher ou l’art de mener une vie déréglée et poétique de Tomas Espedal, Editions Actes Sud, Octobre 2012 – 22,5€
Fabienne Alice Dubois