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Livres jeunesse : Hyacinthe et Rose de François Morel et Martin Jarrie et Petites et grandes histoires des animaux disparus d’Hélène Rajcak et Damien Laverdunt

09 December 2010 | PAR Sonia Dechamps

À l’occasion du salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil : deux conseils de lecture tous les jours. Aujourd’hui, deux grands albums pour partir à la (re)découverte : l’un, de souvenirs d’enfance, l’autre, d’animaux aujourd’hui disparus.

« Hyacinthe et Rose » est un magnifique ouvrage sur le souvenir ; une douce mélancolie plane sur celui-ci. Le narrateur y est un Parisien, un enfant qui – au fils des pages – grandit, passant ses étés chez ses grands-parents ; Hyacinthe et Rose sont mariés, liés par un amour commun des fleurs.
Ce sont ses souvenirs que le narrateur évoque, mais c’est à ceux du lecteur qu’ils renvoient.
Chaque page dévoile un nouvel épisode estival resté en mémoire. Ainsi, le narrateur se souvient du cousin Fabrice, et de sa jalousie envers celui-ci. « Qu’il est beau ! Qu’il est poli ! Qu’il est intelligent ! Qu’il est bien élevé ! Qu’il est serviable ! Qu’il est instruit ! » était-il dit de lui. « Qu’il est chiant oui » se souvient s’être dit le narrateur, se rappelant également de ses rêves d’alors : « le cousin Fabrice lapidé par des Pygmées, écrasé par un quinze tonnes, crucifié sur le mont Golgotha, écartelé comme Ravaillac. » Mais le narrateur se souvient également des leçons sur la signification des fleurs que lui administrait son grand-père. Quelques exemples ? Les asters pour la promesse d’une fidélité éternelle, le muguet pour se raccommoder en cas de « mots avec une petite jeune fille », l’hémérocalle jaune pour… une invitation à l’adultère. Drôles, mélancoliques, tristes, heureux… les souvenirs du narrateur sont de toutes sortes.

Ce sont de belles peintures de fleurs – et de vases – de Martin Jarrie qui viennent illustrer les écrits de François Morel. Très sages, elles accompagnent avec justesse le texte ; texte avec lequel elles partagent une certaine nostalgie. Les images sont grandes et le lecteur peut voir les reliefs de la peinture. Il a envie de toucher ces amas de matières, de les sentir sous ses doigts ; comme si les toiles reproduites l’appelaient à sentir, pour mieux se souvenir. Assez neutres – mais pas fades – elles sont un appel à se plonger dans son passé, un appel au rêve.
« Hyacinthe et Rose » est un livre poétique transgénérationnel, à offrir à tous, sans distinction d’âge.

Avec « Petites et grandes histoires des animaux disparus », c’est à des centaines, des milliers d’années d’aujourd’hui que lecteur se trouve renvoyé.
Le dispositif est très ludique. Sur la page de gauche, une petite bande-dessinée met en scène un animal disparu, souvent de façon anecdotique, avec humour, relayant des légendes… La page de droite, elle, offre à voir une grosse illustration dudit animal ; illustration accompagnée d’une explication plus scientifique – mais toujours simple – de ce qu’il fut, des causes (supposées ou avérées) de sa disparition…. Une petite pastille indiquant taille, poids, lieu d’habitation et date de disparition de l’animal en question est également toujours présente sur cette page à caractère informatif.
Vous connaissez sans doute le dodo, mais quid du drépanide mamo, de l’aurochs, du glyptodon… ?

Du côté des illustrations, le choix est de plonger le lecteur dans un univers naturaliste ; sont utilisées des nuances – pâles – de vert, de marron… Mais si ce choix permet aux images de parfaitement se marier au sujet, on peut tout de même regretter un certain manque de gaieté qui, par voie de conséquence, parfois s’en dégage.
Cet album atypique, distingué au salon du livre jeunesse par le prix « Terre en vue », permet au lecteur de faire de jolies découvertes. Il permet également d’éveiller les consciences… qui derrière la majorité des disparitions ? L’homme. Intelligent, mais pas seulement ; « Petites et grandes histoires des animaux disparus » invite au rêve, au développement de l’imaginaire… Un bonheur de documentaire.

« Hyacinthe et Ros »e de François Morel et Martin Jarrie chez Thierry Magnier
« Petites et grandes histoires des animaux disparus » d’Hélène Rajcak et Damien Laverdunt chez Actes Sud

Le petit chaperon rouge de Joël Pommerat aux Ateliers Berthier
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Sonia Dechamps

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