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L’homme de ses rêves de John Cheever: les premiers récits du maitre de la nouvelle

L’homme de ses rêves de John Cheever: les premiers récits du maitre de la nouvelle

28 January 2013 | PAR Alice Dubois

John Cheever est un auteur américain né en 1912 et mort en 1982. Considéré comme le maître de la nouvelle, il fit ses débuts en écrivant pour le New Yorker, prestigieux hebdomadaire qui donna sa chance à de nombreux auteurs. Truman Capote et Philip Roth, pour ne citer qu’eux, sont aussi passés par là. A partir des années 30, John Cheever y publia de nombreuses nouvelles, ce qui lui valu le prix Pulitzer en 1979. Une douzaine de ses premières “short stories”, écrites entre 1930 et 1940 dans plusieurs magazines et jusqu’alors inédites, viennent d’être publiées aux éditions Gallimard en collection Folio sous le titre  « L’homme de ses rêves ». Un passionnant recueil qui témoigne du talent incontestable de ce grand écrivain.

 

 

Descendant d’une prestigieuse dynastie d’armateurs, John Cheever est né du bon côté de la barrière. Mais après la crise de 1929 qui signe la faillite de sa famille, il découvre une Amérique déchue, remplie de nouveaux pauvres qui assistent, impuissants, à la fin d’un monde. Alors qu’il n’a même pas 20 ans, il signe La chute, une nouvelle au titre évocateur.

Prenant pour toile de fond les conséquences du Krach de 1929, John Cheever écrit sur une Amérique désemparée. Mais comme il le disait si bien lui-même : « Il ne s’agit pas de désespoir, mais de confusion ». Un sentiment qu’il a toujours parfaitement traduit au fil de ses histoires avec des personnages à la croisée des chemins. Ils sont chômeurs, parieurs, fils de famille ruinés. Elles sont veuves, petites mains, serveuses dans un trou minable. Nous sommes bien loin des grandes villes et des banlieues cossues qu’il dépeindra plus tard. Les récits sont toujours mélancoliques, les ambiances faussement légères parfaitement dessinées.

 

Plongeant son lecteur dans la grande dépression des années 30, il dresse un portrait acide d’une Amérique en pleine mutation. Sans jamais boucler ses histoires par une fin facile ou trop évidente, en laissant ses personnages en suspens, il offre au lecteur la possibilité de laisser filer son imagination sur ces destins brisés. Avec un style élégant, précis et efficace, John Cheever a tenu les américains en haleine pendant des décennies. Il a su mettre en lumière avec justesse toute une frange de la population laissée pour compte. Une oeuvre magistrale à découvrir.

 

L’homme de ses rêves de John Cheever. Traduit de l’américain par Laetitia Devaux. Editions Gallimard – Collection Folio. Parution: décembre 2012.

192p. Prix indicatif: 6,5€.

Crédit photo: Paul Hosefros/Getty Images

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Alice Dubois
Alice a suivi une formation d’historienne et obtenu sa maitrise d'histoire contemporaine à l'université d'Avignon. Parallèlement, elle est élève-comédienne au Conservatoire régional d'art dramatique de la ville. Elle renonce à son DESS de Management interculturel et médiation religieuse à l'IEP d'Aix en Provence et monte à Paris en 2004 pour fonder sa propre compagnie. Intermittente du spectacle, elle navigue entre ses activités de comédienne, ses travaux d'écriture personnels et ses chroniques culturelles pour différents webmagazines. Actuellement, elle travaille sur un projet rock-folk avec son compagnon. Elle rejoint la rédaction de TLC en septembre 2012. Elle écrit pour plusieurs rubriques mais essentiellement sur la Littérature.

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