Fictions
« Qui sait » de Pauline Delabroy-Allard : Jeanne, Jérôme, Ysé

« Qui sait » de Pauline Delabroy-Allard : Jeanne, Jérôme, Ysé

18 August 2022 | PAR Julien Coquet

Le deuxième roman de l’auteure du très remarqué Ca raconte Sarah nous perd dans une quête de l’identité ennuyeuse.

Que puis-je savoir ? Que Pauline Delabroy-Allard est l’auteure d’un premier roman très remarqué, à juste titre, sur l’histoire d’une passion amoureuse dévastatrice, Ca raconte Sarah, publié aux éditions Minuit en 2018. Le succès de ce premier roman ne pouvait que conduire à une grande attente concernant ce deuxième roman, publié lui chez Gallimard. Qui sait se présente d’ailleurs, à l’instar du premier roman, comme un jeu de mot : « qui sait ? » ou « qui c’est ? ».

Que dois-je faire ? Commencer ou non Qui sait ? On y suit Pauline, jeune femme enceinte, qui part à la recherche de ses identités après être allée faire sa première carte d’identité en mairie. Elle y découvre trois prénoms secondaires, dont elle ne connaît pas du tout l’origine : Jeanne, Jérôme et Ysé. Qui sont ces gens et pourquoi leurs prénoms figurent-ils sur sa carte d’identité ? Pauline, traumatisée d’avoir mis au monde un enfant mort, enquête, interroge sa famille, se rend en Tunisie, pour mieux comprendre ses origines.

Que m’est-il permis d’espérer ? Malheureusement pas grand-chose… Le roman, marqué par les trois questions kantiennes que nous reprenons ici en début de paragraphes, se présente comme vu et revu. La quête des origines, ce n’est pas nouveau en littérature. A l’affut d’un secret de famille ou d’une révélation détonante, le lecteur fait la connaissance d’une aïeule aliénée, d’un ami de la famille et d’une héroïne d’une pièce de Paul Claudel. Le roman semble en permanence éviter le sujet principal : la fausse couche de la narratrice, qu’elle nomme « jour blanc ». Or, la quête de l’identité qui occupe tout le roman s’étire sur 200 longues pages. Pauline enquête sur son histoire personnelle sans arriver à intéresser le lecteur qui se demande pourquoi il se retrouve dans ces histoires de famille. Comblé avec la rencontre d’un chat en Tunisie (on sent le remplissage) et la paraphrase du Partage de midi de Paul Claudel, le livre s’avère vraiment dispensable.

« Depuis mes dix-sept ans, j’ai souvent pensé à eux, je me suis demandé de nombreuses fois quelles étaient leurs origines. Les femmes, d’abord. Jeanne. D’où pouvait bien me venir ce prénom, le féminin du prénom de mon père ? Et puis Ysé. Un prénom jamais entendu ni vu ailleurs. Et enfin ce prénom d’homme. Jérôme. Pourquoi donner un prénom d’homme à un bébé fille, quelle drôle d’idée ! Dans ma famille, on ne parle pas. Enfin si, on se raconte des tas de choses et on adore ça, tant qu’on ne parle pas du passé, des passés. Le passé de notre père n’est jamais évoqué. Celui de notre mère, encore moins. Leur passé commun, avant nos naissances, ce n’est même pas la peine d’y penser. On évite de poser des questions, même s’il arrive qu’on obtienne des réponses. Mais la plupart du temps, il s’agit de botter en touche, de rire pour planquer une vérité, de faire un écart, de répondre autre chose, des sornettes, des inventions. »

Qui sait, Pauline Delabroy-Allard, Gallimard, 208 pages, 19,50 €

Visuel : Couverture du livre

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Julien Coquet

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