
« Un monde Flamboyant » : Siri Hustvedt nous entraîne dans les coulisses de l’art contemporain new yorkais
L’auteure d’Un été sans les hommes (Actes Sud, 2011) et de Élégie pour un américain (Actes Sud, 2010) met en scène une enquête sur la vie d’une grande artiste méconnue par un monde de l’art contemporain plus que macho. Une fiction qui pourrait bien être un roman à clef.
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Épouse d’un galeriste reconnu de New-York, Harriet Burden ne parvient pas à sortir de ce statut et à faire reconnaître son art pour ce qu’il est. Elle a alors une idée géniale : elle demande à un jeune artiste mâle de lui servir de prête-nom et expose enfin ainsi ses œuvres dans une galerie, qui obtiennent l’attention qu’elles méritent. Preuve est faite du machisme du milieu de l’art contemporain, mais rien ne dit que le subterfuge ouvrira la voie du bonheur pour la femme artiste…
Présenté comme une enquête où les années 1970 semblent un passé lointain, constitué de pièces à convictions et de témoignages, le roman de Sidi Hustvedt a un petit côté Borges assez travaillé. Cette structure permet à la fois de garder le personnage principal dans une aura de mystère et de tirer une sonnette d’alarme en donnant l’impression que la cause des femmes est malheureusement une vétusté reléguée au placard… A contrario, le choix de la fausse enquête du critique d’art donne un côté très cérébral et très froid au texte et empêche de s’identifier avec l’héroïne qui suscite de la part du lecteur une sympathie aussi éloignée que polie. Un travail sérieux mais peut-être pas le gros roman que l’on ne peut lâcher qu’attendent certains lecteurs et lectrices de la part de Siri Hustvedt.
Siri Hustvedt, Un monde Flamboyant, Actes Sud, 416 p. Sortie en septembre 2014.
visuel : couverture du livre