Fictions
Melissa Da Costa : “Les lendemains”

Melissa Da Costa : “Les lendemains”

11 May 2020 | PAR Jean-Marie Chamouard

Melissa Da Costa est une auteure française âgée de 28 ans. Après Tout le ciel bleu elle écrit ici son deuxième roman. A la suite d’un drame personnel, une jeune femme se réfugie dans une maison isolée, en Auvergne. Le lecteur accompagne alors sa renaissance et admire la création d’un merveilleux jardin.

« Il a fallu moins de deux heures pour que mon monde soit anéanti ». Le 21 Juin, le soir de la fête de la musique, Amande a perdu Benjamin, son compagnon dans un accident de moto puis son bébé est mort à la naissance. C’est une jeune femme sidérée par la douleur qui s’installe dans une vieille maison isolée en Auvergne. Tout l’été elle se cloître, les volets clos, dans la solitude et l’obscurité. Avec le début de l’automne elle laisse rentrer dans la maison un papillon, puis le soleil. Elle s’intéresse aux calendriers et aux carnets de l’ancienne propriétaire, Madame Hugues qui avait débuté le jardinage après le décès de son époux. Elle y notait avec « son écriture ronde et élégante », recettes de cuisine et conseils de jardinage. Amande a été adoptée par un chat gris un peu pouilleux qui se faufile dans la maison et devient son fidèle compagnon. Elle commence à jardiner suivant les recommandations des carnets de Madame Hugues. Sa toute première salade est, au cœur de l’hiver, une source d’émerveillement. Elle se lie d’amitié avec Julie la propriétaire qui lui raconte l’histoire de la maison. Elle fabrique pour sa nièce Mae un carillon à vent et dans un pin devenu sacré elle dresse un autel en mémoire de Benjamin. Amande fait ainsi renaître « la maison et le jardin du bonheur » de Madame Hughes. Et d’autres projets surviendront…

Le roman débute par un drame mais le récit est tout en délicatesse, servi par l’écriture fluide, limpide de Melissa Da Costa. Le deuil est au cœur du livre, le choc douloureux initial est immense, la détresse psychologique intense. Le lecteur suit le quotidien d’Amande et parallèlement se dévoile son passé avec Benjamin. Mais c’est aussi un roman sur la résilience : à petits pas prudemment elle allège son enfermement volontaire , elle laisse entrer la vie dans sa maison. Les souvenirs heureux reviennent et elle se sensibilise à la nature qui l’entoure. Le calme, la lenteur et les travaux manuels l’apaisent peu à peu. La douceur et la tendresse sont remarquables dans ses relations avec Benjamin et sa famille. La beauté du texte s’impose au lecteur comme lors de la célébration nocturne pendant laquelle elle décore le saule pleureur de bougies et de banderoles multicolores ou lorsqu’elle fabrique des radeaux de fleurs pour célébrer le printemps. Pour Amande ce long retrait du monde est une recherche d’authenticité, une découverte de la célébration et du sacré. Sa renaissance sera rendue possible par une communion avec la nature, une grande créativité et des relations humaines chaleureuses avec ses proches.
Ce texte est d’une grande beauté, lumineux, riche d’une poésie du quotidien. Par delà le drame initial il est réconfortant, optimiste. Oui, malgré les difficultés Amande pourra « ouvrir la porte et partager ». Et le roman devient alors une philosophie de vie.

Melissa Da Costa, Les lendemains, Albin Michel, 352 pages, 17,9 Euros, sortie le 26 Février 2020.
visuel : couverture du livre

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Jean-Marie Chamouard

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