« La pensionnaire du bourreau », Olivier Dutaillis offre un regard de femme sur la Révolution
En cette rentrée de janvier, l’auteur de Le jour où les chiffres ont disparu est de retour chez Albin Michel avec un bon gros roman historique. Sorte de Caroline chérie plus politique et moins érotique que le livre de Cécil de Saint-Laurent, La pensionnaire du bourreau se lit avec délectation. En librairies le 2 janvier 2014.
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Ayant fui la Vendée où son seigneur abusait sur elle du droit de cuissage alors qu’elle n’était qu’une enfant, la jeune Manon se retrouve à Paris à la veille de la Révolution. Résolue à mener une vie « moderne », mais qui suit ses critères de la vertu, elle trouve un logement à sa mesure dans la famille des bourreaux royaux, les Sanson. Et un travail comme modèle chez le peintre David, qu’elle quitte bientôt pour travailler dans un café des jardins du Palais Royal, d’où elle observe au plus près toutes les grandes étapes de la Révolution française.
Vivifiant et très documenté, ce point de vue d’une jeune femme débrouillarde et républicaine parle depuis leur centre des événements qui ont secoué la France et l’Europe de la fin du 18e siècle. Personnage attachant, Manon n’est peut être pas parfaitement crédible tant elle écrit et analyse bien la situation, mais il n’en demeure pas moins qu’on tombe sous le charme de ce personnage droit et futé, qui est un Cicérone efficace. Épais et généreux, avec pour modèle à peine voilé Michelet, le roman d’Olivier Dutaillis est un excellent spécimen du genre, qui ne tombe jamais dans le sensationnalisme et qui permet d’apprendre ou de revoir ces grandes heures de la Révolution française avec aisance.
Olivier Dutaillis, La pensionnaire du bourreau, Albin Michel, 432 p., 20 euros.