Fictions
“Il était un fleuve”, par Diane Setterfield :  un voyage dans l’Angleterre de la fin du dix-neuvième siècle.

“Il était un fleuve”, par Diane Setterfield : un voyage dans l’Angleterre de la fin du dix-neuvième siècle.

15 July 2019 | PAR Jean-Marie Chamouard

Un fleuve, une auberge et une fillette apparemment morte qui revient à la vie : pour son troisième roman, l’écrivaine britannique Diane Setterfield nous transporte pour notre plus grand plaisir dans l’Angleterre de la fin du dix-neuvième siècle.

Une auberge en 1887, au bord de la Tamise, lors du solstice d’hiver. Les buveurs qui y sont réunis, aiment écouter et raconter des histoires. Un inconnu blessé au visage rentre dans l’auberge et s’effondre. Il tient dans ses bras une fillette de quatre ans qui semble morte. L’infirmière Rita soigne l’inconnu : le photographe Henry Daunt, et miracle la petite fille revient à la vie. L’histoire se répand dans la campagne voisine mais personne ne sait ce qui est arrivé à la petite fille, ni d’où elle vient .L’enfant inconnue est elle Amélia la fille d’Héléna Vaugham qui avait été enlevée deux ans auparavant ou Alice la petite fille de Robert Armstrong qui a disparue récemment ? Pourquoi Lily pense t’elle contre toute vraisemblance qu’il s’agit de sa sœur Ann ? Quel rôle a joué « le Silencieux » qui paraît hanter le fleuve. Puis Monsieur et madame Vaugham emmènent chez eux la petite fille. Fin de l’histoire ? Rien n’est moins sur!

Henry Daunt achète un bateau pour photographier le fleuve et s’éprend de Rita. .Ensembles ils vont mener l’enquête. La fillette reste muette et paraît triste. Quel est l’inconnu qui menace Lily la nuit et celui qui a agressé Rita ? On découvre aussi l’inquiétant Robin Armstrong. Puis arrive le solstice d’été : c’est la fête au bord du fleuve mais surgit alors Robin…et tout bascule à nouveau. Il faudra encore bien des rebondissements et un numéro d’illusionniste pour que Rita et Daunt fassent émerger la vérité. Celle ci apparaîtra pour le solstice d’hiver alors que le fleuve a inondé la vallée. Mais le fleuve emportera une part du mystère…

Diane Setterfield nous transporte dans l’Angleterre de la fin du 19ème siècle. Le roman est un conte quelque peu fantastique, le surnaturel n’est jamais loin avec le Silencieux, les dragons et le puits magique ! Le début du livre est très visuel c’est un tableau saisissant avec la nuit, le brouillard, le fleuve, l’auberge et l’arrivée d’un inconnu blessé puis l’auteur déploie peu à peu son intrigue : la menace est sourde et Diane Setterfield entretient habilement le mystère. Elle a écrit un roman aux multiples facettes. Les villageois, clients de l’auberge sont décrits « des collectionneurs de mots » et ce livre est un hommage au conte et à la tradition orale. Le fleuve est aussi au centre du roman avec sa puissance, sa dangerosité, son bruit sourd, son odeur il inquiète et fascine .Le personnage d’Henry Daunt est inspiré par le photographe d’Oxford Henry Taunt qui aimait photographier la Tamise. La modernité débutante apparaît dans le récit avec la rigueur scientifique de Rita et les allusions aux travaux de Darwin. La question sociale est souvent évoquée avec la misère, la cruauté et la violence faite aux femmes. Le racisme est présent à travers le vécu d’Armstrong qui est métis. Enfin certains personnages sont très émouvants avec le désarroi des époux Vaugham, la droiture de Robert Armstrong et la belle relation qui s’épanouit entre Rita et Daunt.

L’ambiance, le suspense et les légendes du fleuve : Diane Setterfield a écrit un riche roman, recommandé pour une lecture estivale.

Diane Setterfield, Il était un fleuve, Plon Feux Croisés, 476 pages, 24 Euros, sortie en Juin 2019.

visuel : couverture du livre

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Jean-Marie Chamouard

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