“Ann”, une déclaration d’amour à une jeune-femme thailandaise par Fabrice Guénier
Même dans les gogo bar les plus délurés de Bangkok, les errance sexuelles peuvent mener à l’inattendu : l’amour. Après Les Saintes (Gallimard,2013), Fabrice Guénier raconte dans Ann les sentiments que suscite Ann… Une histoire d’amour triste sur fond de climat exotique et malsain.
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C’est dans un contexte de fête et d’oubli de soi que le narrateur fait la rencontre d’Ann. Une jeune femme thaïlandaise d’à peine plus de 20 ans, une peluche Hello Kitty dans les bras quand elle n’est pas avec un homme. Ann, violée à l’âge de 10 ans, prostituée depuis l’âge de 15 ans pour subvenir aux besoins de sa famille et aux siens, mais jamais triste, toujours légère. Une fille simple, “low-so” comme on dit à Bangkok, mais qui sait divinement faire retomber un homme et le monde en enfance. Le narrateur s’éprend, dans les rues vivantes de Bangkok et le destin tragique de Ann va le laisser avec un fantôme.
Extrêmement bien écrit, ce reboot des années 2010 de La Dame au Camélia, fait oublier les (indispensables) réflexions anti-colonialistes et féministes sur le tourisme sexuel pour plonger le lecteur dans une vision du monde post-romantique où le “sacrifice” du corps d’Ann est une “passion” magnifique.
Fabrice Guérier essaie de nous faire voir le glauque, le macabre et le tragique avec les yeux de l’amour et y réussit plutôt bien, tant il est au plus proches des sentiments extrêmes, réels et violents d’un narrateur amoureux, mais également victime de ses fantasmes d’enfance, d’oubli et de cessation immédiate de tous les poids de la responsabilité. On se laisse hypnotiser par la littérature et l’on se réveille assez irrité soit de s’être laissé avoir, soit d’être passé à côté du message…
Fabrice Guérier, Ann, Gallimard, 304 p., 19, 50 euros. Sortie le 26 mars 2015.
visuel : couverture du livre
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3 thoughts on ““Ann”, une déclaration d’amour à une jeune-femme thailandaise par Fabrice Guénier”
Commentaire(s)
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saladino daniele
Quelle honte ! Après avoir donné le Renaudot à ce pédocriminel de Matzneff voilà que l’on met en avant un prostitueur ! A vomir !
ROBERT
Magnifique histoire d’amour , aucun fond malsain. Très bel hommage à une personne disparue, des belles choses existent partout , même dans la prostitution, heureusement d’ailleurs.La vie n’est ni toute blanche , ni toute noire. Un livre très facile à lire, malgré l’histoire difficile.
Jinpa
Daniele, Florence, vous n’avez pas lu “Ann” ce n’est pas possible ; vous ne pourriez pas parler ainsi.
Je ne vous souhaite qu’une chose c’est d’être aimées comme le fut Ann par Guénier.
Jinpa