“LE PASSÉ DE LA RUSSIE EST IMPRÉVISIBLE” par Andreï Gratchev
Né en 1941, Andreï Gratchev journaliste et politologue russe fut le dernier porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev au Kremlin. Docteur en histoire et diplômé en relations internationales il a effectué l’essentiel de sa carrière au sein de l’appareil central du parti avant de devenir le conseiller politique du premier Président soviétique. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique il s’affirme comme spécialiste de renommée internationale de l’histoire des relations Est-Ouest pendant l’époque de la guerre froide. Andreï Gratchev fut conférencier et chercheur dans plusieurs universités dont celles d’Oxford. On lui doit des ouvrages remarqués sur l’ex-URSS et la Russie postsoviétique. Il dirige actuellement le Comite Scientifique du New Policy Forum. Acteur et observateur du drame vécu par son pays au XXe siècle, il sait pourquoi et comment la Russie jusqu’à présent n’a jamais réussi à se réconcilier avec le monde.
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Dans ce journal de bord, Andreï Gratchev raconte à la fois sa vie, l’histoire de son pays, de la Seconde Guerre mondiale à ce jour, et réfléchit sur le nouveau monde surgi après l’éclatement de l’URSS et la fin du régime communiste.
La première partie est consacrée à l’époque d’avant Gorbatchev. Andreï y parle de son enfance et de sa jeunesse, retrace sa carrière dans le komsomol, puis dans le parti, s’arrête sur des épisodes marquants de l’histoire, en particulier l’époque du dégel sous Khrouchtchev, le Printemps de Prague et l’invasion soviétique en Tchécoslovaquie, ainsi que l’invasion soviétique en Afghanistan. En tant que conseiller au Comité Central, il fut un témoin privilégié des réactions et des discussions au sein de l’appareil du parti qui ne fut pas aussi monolithique que l’on a l’habitude de penser. Gratchev raconte en détail comment s’était formée la génération des « enfants du dégel », y compris au sein du parti communiste, qui par la suite a joué un rôle très important dans la période de la perestroïka. Pour lui, ces « enfants du dégel » ont été des promoteurs du changement dans la même mesure que les dissidents.
La deuxième partie est consacrée à la perestroïka et à la personne de Mikhaïl Gorbatchev. Cette partie n’englobe que six ans, mais c’étaient des années cruciales dans l’histoire de l’URSS et de l’humanité. Gratchev trouve des mots justes pour décrire cette période tumultueuse, sans cacher des pages tragiques de l’histoire, comme la tentative de la direction soviétique de mater des rébellions dans plusieurs républiques soviétiques par la force, notamment en Lituanie. Il retrace l’effervescence et le côté tragique de la perestroïka et donne un portrait saisissant de Gorbatchev et de sa femme Raïssa. C’est Gratchev qui fut le dernier porte-parole du président soviétique et témoin de première main de sa gloire et de sa chute.
Enfin, la dernière partie est consacrée à la période post-soviétique. Gratchev explique pourquoi il a préféré quitter la Russie et s’installer en France. Il fait une évaluation du régime Eltsine et raconte notamment l’attaque, en 1993, sur le parlement issu encore de la perestroïka et démocratiquement élu qui s’est soldée par plusieurs centaines de morts et l’instauration d’un régime présidentiel autocratique. Sans la moindre complaisance, l’auteur analyse ensuite le régime de Vladimir Poutine et explique les raisons de l’adhésion de la société russe à ce régime autocratique, mafieux et nationaliste. La deuxième moitié de cette partie est consacrée à l’analyse de l’état du monde. En clair, d’un monde bipolaire nous sommes passés, en quelques années, au monde multipolaire, d’une grande complexité, où non seulement l’Union Soviétique a éclaté, mais l’Occident a perdu sa suprématie et ses valeurs morales. En fin politologue, Gratchev pose la question cruciale : devant les défis de mondialisation, de pauvreté, de migrations, saurons-nous garder notre modèle démocratique ?
“LE PASSÉ DE LA RUSSIE EST IMPRÉVISIBLE” par Andreï Gratchev, Date de parution : 9 octobre 2014 / 530 p. / 25 € / Alma éditeur.
