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BD : Les noceurs, coup de coeur

BD : Les noceurs, coup de coeur

30 December 2010 | PAR Sonia Dechamps

Coup de cœur pour cette bande dessinée déstabilisante, étonnante… et totalement enivrante.

Lire « Les noceurs » est une expérience assez unique. Dès les premières images, le lecteur est emporté dans un univers à la fois onirique, poétique, réaliste et un brin mélancolique.

« Les noceurs » s’ouvre sur une soirée organisée par Gert. Un certain nombre d’invités – amis – sont présents mais manque « la » personne que tout le monde attend. Car si tous se sont déplacés, cela semble bien être dans l’unique but de voir le fameux Robbie… qui n’arrivera jamais. Quand l’annonce en est faite, tous s’en vont. Le lecteur rencontrera l’homme désespérément attendu plus tard, dans sa boîte de nuit. Gert est un personnage triste sans l’être, assez insipide, qui manque de confiance en lui. Peu bavarde, cette bande dessinée en dit finalement plus qu’il n’y paraît sur une génération un peu désenchantée, sur un doux mais parfois aussi douloureux passage à l’âge adulte.

Il y a ainsi beaucoup de mélancolie dans « Les noceurs ». Un sentiment de fugacité s’en dégage, le temps et les gens passent. Le lecteur croise les personnages comme si ces derniers étaient des ombres, comme s’ils n’avaient pas de réalité matérielle. Ils restent des mystères ; tout comme cette bande dessinée qui laisse une étrange impression de légèreté grave. Le livre s’évaporerait une fois la lecture terminée que le lecteur n’en serait que peu étonné.

Ces impressions sont liées à la grande liberté formelle prise par Brecht Evens et à sa magnifique aquarelle. Le lecteur est touché, sensible aux représentations si peu communes qu’il a sous les yeux. L’aquarelle permet au jeune dessinateur de jouer sur les couleurs et la transparence ; donnant à son récit cet aspect onirique qui le caractérise. Bien que les situations décrites soient des situations tout à fait réalistes, leur mise en scène a quelque chose d’irréel. Comme si le lecteur partageait avec l’auteur un rêve ; comme s’il lui était permis d’entrer dans l’imaginaire de ce dernier et de devenir son confident.

Première œuvre traduite en français du jeune flamand Brecht Evens, « Les noceurs » impose son auteur comme un artiste des plus talentueux de « sa génération ». Une petite merveille douce-amère à découvrir d’urgence.

« Les noceurs » de Brecht Evens chez Actes Sud – 22 euros.

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Sonia Dechamps

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