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“Armistice”, une trentaine d’écrivains pour commémorer la “paix” de 1918

“Armistice”, une trentaine d’écrivains pour commémorer la “paix” de 1918

19 November 2018 | PAR Jérôme Avenas

À l’occasion du centenaire, le 11 novembre 2018, de l’armistice de la Première guerre mondiale, les Éditions Gallimard publient un grand format illustré composé de textes d’une trentaine d’écrivains. Un impressionnant ouvrage, à la fois un mémorial et une méditation sur le sens de la paix.

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“La plupart des écrivains contactés ont sans hésiter manifesté leur forte envie de participer à l’ouvrage. Visiblement, ce sujet était pour eux essentiel, comme si nous étions clairement tous nés de là.” Beaucoup d’historiens ne renieraient pas ces mots d’Antoine Gallimard qui figurent en préface du très bel ouvrage que la Collection Blanche consacre au 11 novembre 1918. Il est désormais admis que la Première guerre mondiale n’a pas pris fin ce jour-là. Il est même permis de penser que, d’une certaine manière, aujourd’hui même elle n’est pas terminée tant ses conséquences continuent, comme les répliques d’un séisme, de faire sentir leur influence sur le plan collectif et individuel. “Bien qu’engagée dans l’étude des représentations de la Première guerre mondiale depuis plusieurs années, je n’avais jamais vraiment cherché d’images de la paix, de l’armistice, de ‘la fin de la Grande Guerre’ (…)” nous avoue Marine Branland, responsable de l’iconographie de l’ouvrage, avant d’ajouter “évoquer l’armistice de 1918 a posteriori revenait à écrire sur ce qu’il y avait eu avant et après, à relativiser le sens du mot.”

Beaucoup des textes qui constituent ce très bel ensemble seraient à citer mais ceux de Sylvie Germain, Anna Hope, Aurélien Bellanger, Velibor Colic et Akira Mizubayashi émeuvent tout particulièrement. Sylvie Germain dans “L’Esprit de Babette” nous parle du wagon-phénix où fut signé l’armistice, wagon instrumentalisé, “érigé en symbole”, détruit avant de renaître. Anna Hope dans un style litanique rythmé par l’anaphore “je pense à” met en parallèle l’histoire collective et celle de sa famille, évocation émouvante du mal souterrain qui agit encore aujourd’hui. Aurélien Bellanger avec “Terminus” frappe avec une grande justesse :  “Aucune gare n’est innocente depuis le XXème siècle”. Velibor Colic, offre une réflexion profonde sur l’idée de paix : “Nous disons toujours la Grande Guerre, jamais la Grande Paix. C’est normal : les guerres sont glorieuses, la paix est quotidienne, ordinaire” puis “régulièrement, en France, pour la paix nous disons ‘entre-deux-guerres’. C’est la meilleure définition de la paix : un entre-deux guerres.” Comme on l’aura compris, l’ouvrage laisse la part belle aux écrivains de nationalités diverses. Le texte d’Akira Mizubayashi illustré de “Fantômes” longs panneaux d’Hiroshima de Iri et Toshi Maruki est une longue et belle méditation nourrie d’œuvres diverses sur les traces du monde “avant la guerre” que l’armistice délimite. C’est peut-être le texte le plus fort, sans doute le plus cosmopolite. Du côté des illustrations, c’est une réussite totale, entre découverte – le sublime Iri et Toshi Maruki que l’on vient de citer – et œuvres connues mais peu montrées à commencer par celles d’Otto Dix, peintre allemand qui sera déclaré artiste “dégénéré” par les nazis en 1937, vingt ans après l’Armistice.

Armistice, Édition de Jean-Marie Laclavetine, Préface d’Antoine Gallimard, Iconographie par Marine Branland, Éditions Gallimard, Collection Blanche, octobre 2018, 304 page, 35 €

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