Cinema

Un documentaire fait polémique dans le palmarès du Festival de Locarno

22 August 2011 | PAR Coline Crance

Le festival de Locarno s’était déroulé sans polémique jusqu’à la remise des prix le samedi 13 août. Mais peu après son président, le grand producteur, Paulo Branco a abattu ses foudres. Pour lui, le film Vol spécial de Fernand Melgar récompensé par le prix de la jeunesse et oecuménique est  un film qui ” s”accompagne d’un fascisme ordinaire trop courant dans notre société, celui la même qu’il prétend dénoncer.”

Vol spécial est le fruit d’un tournage de six mois passés dans le centre de détention de Frambois, dans la banlieue genevoise, où sont incarcérés des immigrés sans papiers dans l’attente de leur expulsion du pays. Filmé dans le style du cinéma direct, Vol spécial chronique le fonctionnement de ce lieu sans le moindre commentaire ou entretien, tantôt du côté des détenus, tantôt du côté des fonctionnaires, montrant aussi la relation entre les uns et les autres.

Cette “neutralité'” justement dénoncé par Branco. A quoi cela sert de montrer, si le cinéaste ne confronte jamais les bourreaux avec les victimes. Pour ce manque de parti pris est intenable. La polémique est lancée. La presse suisse qui soutient fortement le film accuse Branco de procéder  à ” un dialectique d’extrême gauche qu’on croyant en désuétude”. ( Antoine Duplan, éditorialiste an Temps). La polémique traverse enfin les Alpes, avec la publication d’un article d’Edouard Waintrop, ex-directeur du Festival de Fribourg et nouveau délégué général de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, qui prend la défense du film sur son blog, “Cinoque”, hébergé par le journal Libération.

Branco reste campé sur ses positions et n’en démord pas pour autant :  “C’est un film obscène. Pourquoi ne met-il jamais les gentils fonctionnaires qu’il filme avec une telle complaisance face aux conséquences de leurs actes ? Comment peut-il filmer une réunion où se décide l’expulsion forcée de ces gens, puis se taire, et attendre cinq jours pour filmer leurs réactions ?”

Le cinéaste peut-il se désolidariser comme un homme et comme citoyen dès qu’il regarde le monde avec sa caméra ? Mais d’un autre côté, filmer la réalité telle qu’elle est, n’est ce pas déjà prendre un parti pris ? Si le film fait polémique serait parce que justement Fernand Melgar dérange en filmant sans stigmatisation des éxécutants, cette simple banalité du mal que toute démocratie peut aussi mettre en place. Affaire à suivre dans les salles de cinéma.

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Coline Crance

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