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Cinéma : Le chant des vivants, partir ou mourir

Cinéma : Le chant des vivants, partir ou mourir

19 January 2023 | PAR Rachel Rudloff

Entre documentaire et comédie musicale, Le chant des vivants nous emmène en voyage dans le sud de la France, à la rencontre de jeunes exilés, dans un objet cinématographique déconcertant, sensible et poétique à découvrir actuellement en salles ! 

 

Un monde de rencontre

Avant toute chose, Le chant des vivants est un documentaire sur les rencontres. Celles qui n’auraient jamais dû se produire, celles qui arrivent par accident, comme celles de ces jeunes immigré.es avec les habitant.es du village de Conques (Aveyron). De là, s’ensuit une réflexion sur le langage : les premiers mots échangés, les incompréhensions mais surtout l’apprentissage, la volonté d’aller vers l’autre que dégage chacun des protagonistes devient un des moteurs du film. 

La rencontre de ce film, c’est aussi celle avec la nature : suivant ce groupe de jeunes en résidence de chant et de danse pendant plusieurs mois, le décor saisissant de la campagne aveyronnaise offre un cadre incroyable à la poésie prête à éclore des protagonistes. 

La nécessité du départ

Mais, le film pose aussi des questions philosophiques et politiques plus grandes. Passant par des récits intimes et des entretiens avec ces jeunes immigrés, il nous demande : qu’est-ce que cela signifie, chez soi ? Qu’est-ce que c’est la peur, le départ, l’impossibilité de circuler quand on a pas le choix ? Partir ou mourir ? 

L’encadrement de la première et de la dernière scène nous le montre autant que les dialogues : Cécile Allegra nous parle dans son documentaire de la nécessaire douleur du départ et ses conséquences. Le déracinement, la fuite, comment se reconstruire après ça ? 

 

L’indicible : raconter autrement

Aux horreurs vécues pendant leur exil, à leurs souvenirs douloureux et à leur traumatisme, trouvent plusieurs réponses. Puisque ce qu’ils ont vécu ne peut être raconté par les mots, mais doit l’être coûte que coûte, cela va passer par le corps, par la voix, par les chants. La pratique artistique, au centre du film, devient alors une manière de se réapproprier son identité, son individualité et de se mettre à distance de soi-même. 

Loin de poser un regard misérabiliste sur les parcours migratoires, Cécile Allegra écrit ses personnages avec délicatesse et finesse, la plupart du temps en portrait pour leur redonner une individualité et souligner leurs visages lumineux, dans une lumière douce et chaleureuse qui rend chaque scène poétique. 

 

Visuel : (c) dossier de presse. 

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Rachel Rudloff

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